70 ANNIVERSAIRE DU DEBARQUEMENT EN PROVENCE
70 ANNIVERSAIRE DU DEBARQUEMENT EN PROVENCE.
Retour sur le parcours de deux anciens combattants de la Kossi.
Goumiers, Spahis, Zouaves, Indigènes, Tirailleurs Sénégalais….. Telles étaient les appellations des soldats africains ayant participé à la libération de la France, de l’étau du nazisme. En ce jour du 15 août 2014, la France, ses invités et le monde entier se souviennent de la bravoure et de l’âpreté aux combats des dignes fils de l’Afrique partis offrir leurs poitrines aux balles nazies pour que la Marseillaise puise retentir partout en France. Il y’a 70 années de cela. Nous avons mis à profit cette occasion pour recueillir les sentiments de deux anciens combattants de Nouna, dans la Province de la Kossi.
Avant tout propos, nous précisons que nos deux interlocuteurs n’ont pas participé à la 2ème guerre mondiale. Toute chose qui n’enlève en rien, à leur statut d’anciens combattants. Ils auraient pu bien la faire, n’eût été leur âge; eux qui ont fait les guerres d’Indochine et d’Algérie.
Agé de 86 ans, Morikè Sangaré est allé à la retraite avec le grade de Caporal-Chef. Mais pour parvenir à ce stade, il a traversé des situations assez pénibles. En effet, recruté de force par un médecin-militaire Blanc le 24 Novembre 1948 à Nouna, il a subi sa formation à Bobo-Dioulasso, au Détachement Motorisé Autonome de l’Armée Française. Unique enfant de sa mère, il s’est vu expédié par train sur Abidjan et d’Abidjan, par bateau pour rallier la mère-patrie, la France. Avec ses 12 compagnons de Nouna sans compter ceux venus de Djibasso, de Sanaba et autres localités comme Doumbala et sûrement Bourasso, Morikè Sangaré a passé 27 jours de mise en train à Abidjan avant de transiter par la France pour rejoindre l’Indochine où ils arriveront le 1er janvier 1950. Pour cause de la variole qui sévissait à bord de leur bateau, ils ne pourront débarquer que le 3 janvier 1950. Morikè Sangaré et ses camarades se verront affectés dans le 2ème bataillon du 2ème régiment qui combattait à Anhu, au B.P.59649, secteur de Vilon, dans la zone de Tonkin. Ses compagnons: Soana Dakuyo de Sanaba; Dami Dakuyo de Doumbala etc. Dans leurs rangs, un certain Sous-Lieutenant Aboubacar Sangoulé Lamizana. Le séjour durera 2 pénibles années. Pour revoir la famille et souffler un peu, Morikè Sangaré et ses camarades reviendront au pays. Mais un autre séjour indochinois les attendait et ce séjour-là aussi durera 2 dures années, de 1953 à 1955 et coïncidera avec la fin de la guerre d’Indochine en 1954. D’Indochine, Morikè Sangaré effectuera deux autres séjours, loin des siens. Cette fois-ci, c’était l’Algérie où il passera 4 années en deux séjours distincts. Evoquant la commémoration du débarquement en Provence, Morikè Sangaré nous fera savoir qu’il n’a pas grand-chose à dire là-dessus, car n’ayant pas participé à cette guerre. Néanmoins, et selon les témoignages de ses devanciers, ce fut une véritable boucherie humaine. De ses conditions actuelles de vie, le Caporal-Chef Sangaré, n’en est pas du tout content. «En 10 ans, je touchais 34.917 Francs. Nous ne sommes vraiment pas satisfaits du traitement qui nous est réservé actuellement» a-t-il martelé. Au moment des échanges, il tenait, dans un sachet, des produits pharmaceutiques qu’il dit avoir payés de sa propre poche, surtout quand on sait sa situation de pensionnaire. A la génération actuelle, le Caporal-Chef Morikè Sangaré demande de cultiver la discipline et le respect mutuel.
Lui, il est l’actuel Président de l’Association des Anciens Combattants, Anciens Militaires, Veuves et Orphelins de Guerre, section de la Kossi. Lui, c’est le Caporal Mamadou Sidibé qui fut à la fois de l’Armée Française et de celle Burkinabè, anciennement Armée Voltaïque. Le Caporal Mamadou Sidibé dit avoir été recruté volontairement en 1958 à Ouagadougou pour le compte des Para Commandos d’Infanterie de Marine Française, section des Troupes Aéroportées. Après 6 mois de formation à Dakar, il est envoyé directement en Algérie «pour combattre, les Algériens qui avaient refusé d’être Français» selon ses propres termes. Sur le terrain il y’avait le FNL qui combattait pour l’indépendance algérienne et le GPRA qui était plutôt pro-français. Il restera en Algérie avec ses camarades jusqu’au 14 juillet 1961, date à laquelle ils iront défiler devant le Général Charles De Gaule. Evoquant ce passage, le Caporal Sidibé nous fera savoir les dissensions qui existaient entre, d’une part les Généraux Salan, Salle, Jouaux et le Colonel Godo qui étaient contre l’indépendance algérienne et qui les commandaient, et le Général Charles De Gaule qui avait décidé du retrait des troupes françaises présentes jusque-là en Algérie. «C’est par hasard que notre régiment a été maintenu. Sinon, beaucoup de bataillons et de régiments ont été, soit dissouts, soit fondus dans d’autres unités», nous a-t-il précisé. Poursuivant son récit, le Caporal Sidibé nous relatera qu’il avait décidé d’arrêter avec l’armée à son retour au pays, surtout lorsqu’il s’est rendu compte que le régime de Maurice Yaméogo avait fait main basse sur leurs droits du congé libéral. Il a fallu la ténacité du Commandant Moumouni Ouédraogo, dont il parle énormément en bien et qui était Lieutenant au moment des faits, pour le ramener dans l’armée voltaïque. Il réintégrera le Corps des Commandos Parachutistes qui deviendra par la suite les Commandos d’Intervention Aéroportée. C’est au moment où le Général Bila Zagré a décidé de ne plus composé avec les anciens que le Caporal Mamadou Sidibé a été libéré; lui qui ne tarit pas de propos bienveillants à l’égard du Commandant Moumouni Ouédraogo. «Si quelqu’un était bien, il faut insister pour le dire» a-t-il précisé. Que pense-t-il de la commémoration du débarquement en Provence? «Cela ne me dit rien. Au lieu de réunir tout ce beau monde pour festoyer, il faut d’abord songer aux familles des anciens combattants. Ces familles souffrent aujourd’hui et on se permet d’organiser des fêtes grandioses. Ces familles ont souffert et elles continuent de souffrir, dans l’anonymat total. Donc, pour moi, il faut d’abord s’occuper de ces différentes familles» a-t-il déclaré, avec un brin d’énervement dans le ton. Agé aujourd’hui de 76, puisque né le 29 juin 1938, le Caporal Mamadou Sidibé demande à la jeune génération de s’éloigner du tabac, de l’alcool et des compagnons louches. Il demande aux jeunes de faire beaucoup attention dans la vie et de s’occuper surtout de leurs parents car «les bénédictions sont très importantes» a-t-il précisé. Il demande aux uns et aux autres de s’éloigner des charlatans qui ne font que semer la zizanie dans les familles. Il a insisté sur la recherche des bénédictions auprès des parents car «de l’armée française à celle voltaïque, aujourd’hui burkinabè et jusqu’à ma retraite, si je n’ai pas eu de problèmes, c’est grâces aux bénédictions de mes parents. Je rends grâce à Dieu et je dis merci à mes parents. Je souhaite que notre pays reste dans la paix et je souhaite bonne chance à la jeunesse» a conclu le Caporal Mamadou Sidibé.
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