PROPOSITION DE LA PROLONGATION DU MANDAT DES DEPUTES. Le juriste Hama Yattara se prononce depuis Dori.
PROPOSITION DE LA PROLONGATION DU MANDAT DES DEPUTES
Le juriste Hama Yattara se prononce depuis Dori.
Bala Alassane Sakandé, le Président de l’Assemblée Nationale du Burkina Faso vient de boucler une tournée à l’intérieur de son pays. Après avoir sillonné les cinq régions du Burkina Faso fortement impactées par l’insécurité, Bala Alassane Sakandé a dressé de ses échanges, une synthèse qu’il a remise au Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Si jusque-là rien ne cloche, là où le hic s’est invité c’est lorsque les burkinabè apprendront que cette synthèse renferme une suggestion demandant une prorogation du mandat des actuels Député ; Députés dont le mandat devrait prendre fin avec celui du Président du Faso le dimanche 22 novembre 2020. Et depuis, chacun y va de ses commentaires et donne son point de vue.
A Dori, nous nous sommes orientés vers Hama Yattara, juriste de formation et actuel Secrétaire Général de la Section Provinciale du Séno, du Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP/Séno) et il a bien voulu nous livrer son opinion. D’entrée de jeu, Hama Yattara nous confiera que la Constitution burkinabè prévoit une telle prorogation en son article 81 et d’ailleurs sur cette base que les Députés sont partis pour formuler leur recommandation. «Toutefois cette prorogation ne peut pas excéder un an comme ils l’ont d’ailleurs souhaité» a précisé notre interlocuteur. Poursuivant, Hama Yattara ajoutera que dans ce cas précis, c’est surtout la légitimité et non la légalité qui pose problème. «Tout le monde a été témoin des remous que cette proposition a occasionnés au niveau des staff politiques et de la société toute entière». A la question de savoir si à travers une telle proposition consistant à reporter les législatives tout en maintenant la présidentielle, est-ce que les Députés burkinabè n’ouvraient pas ainsi une porte à la contestation des résultats de cette élection à venir, Hama Yattara est catégorique. «En tout cas tout est possible dans ce sens que, après le dialogue politique, des propositions ont été déposées sur la table du Président du Faso ; propositions sur lesquelles tout le monde s’est engagé. Et si à quelques cinq mois on en venait à chambouler les engagements, tout est envisageable. Le mieux c’est vraiment d’aller dans le sens des résolutions des conclusions issues du dialogue politique. Autrement, c’est cela fortement de créer le chaos dans notre pays» a-t-il prévenu. «Vous êtes juriste de formation et nous les profanes on entend souvent parler de l’intime conviction. Selon la vôtre, le Président du Faso ira-t-il dans le sens de cette proposition» avons-nous relancé notre interlocuteur qui nous répondra en ces termes : «A ce niveau, ce n’est pas être juriste qui compte. C’est vrai que l’intime conviction existe, surtout on en entend au niveau des magistrats qui sont là pour trancher les questions à eux soumises. Ceci dit, le Chef de l’Etat, avant tout c’est un homme politique et il pourrait être tenté d’aller dans le sens de ses intérêts et tenter un passage en force». Toutefois, se convaincra Hama Yattara, «si avec toutes ces opposions, je pense que, si le Chef est épris de paix, de cohésion sociale et de calme dans son pays, il va ignorer cette proposition par les Députés».
Rappelons que, après le tollé soulevé par cette proposition, plusieurs partis et formations politiques sont sortis du bois pour affirmer leur désapprobation. Et même au sein de la majorité présidentielle, l’unanimité ne semble pas de mise. Donc tous les regards sont tournés vers Kossyam et c’est le wait and see. Et en attendant, ce sont le terrorisme, le COVID-19 et les sauts d’humeur des pluies qui préoccupent la majorité silencieuse des Burkinabè.
Hama Hamidou DICKO
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