Le Persévérant

Le Persévérant

Les Koogl Wéogo vus de Dori.

SITUATION SECURITAIRE AU BURKINA FASO.

 

Les Koogl Wéogo vus de Dori.

Ils font l’actualité au Burkina Faso. Eux ce sont, les Koogl Wéogo selon l’appellation triviale ou les ILS (Initiatives Locales de Sécurité), selon l’appellation que tente de faire instaurer les autorités burkinabè. Décriés par certains, encouragés par d’autres, les Koogl Wéogo défraient la chronique et chainent les passions. Mais que pensent les Dorois de ces initiatives ? Nous avons tendu notre micro à quelques habitants de Dori ce Lundi 14 Mars 2016. Voici leurs opinions.

Mamadou Traoré, agent de santé : «Pour moi, la question des Koogl Wéogo est vraiment dramatique. Ce sont des gens qui n’ont reçu aucune formation. Ce qu’ils font n’est pas du tout bien. Le mieux pour nous tous, c’est d’arrêter cela à temps. C’est une anarchie qui a commencé ainsi et si on ne s’y prend pas à temps, on ne pourra plus les interpeler plus tard. Donc, pour moi, ces Koogl Wéogo doivent cesser toute activité.»

Nassourou Ly, animateur de la FDC à la retraite au secteur 2 de Dori : «Pour moi, c’est mieux d’arrêter les choses pendant qu’il est temps. C’est ainsi que la Mafia italienne a débuté. Au début, ce sont des voleurs qu’ils traquent. Mais par fini, ce sont des voleurs qui vont intégrer leur milieu. Actuellement, c’est le travail des forces de l’ordre que les Koogl Wéogo font. Si l’Etat même n’arrive pas à sécuriser son peuple, ce n’est pas à la population de s’ériger en faiseur de sécurité. Il faut donc urgemment arrêter cela. Il ne faut même pas essayer de les légaliser comme l’a dit le Ministre de l’Intérieur. Ils n’ont qu’à remettre les moyens nécessaires aux forces de défense et de sécurité qui vont sécuriser le pays».

Abdoulaye Hoéffi Dicko, Instituteur à Dorii : «Moi, je n’ai rien contre les Koogl Wéogo. Du moment qu’ils arrivent à lutter contre le grand banditisme, je les trouve utiles. Mais il faut que cela se passe de façon légale. J’ai entendu dire qu’ils ont séquestré onze personnes à Fada. Je trouve cela anormal. Sinon, les Koogl Wéogo font du bon boulot. Nous-mêmes, nous risquons d’être des Koogl Wéogo à Dori ici».

Christian Rouamba, Directeur de l’école de Sambonaye : «Je trouve que c’est bien ce que font les Koogl Wéogo, mais il faut qu’ils collaborent avec les hommes de tenue comme la Police et la Gendarmerie. Leur présence est salutaire mais il faut que les Koogl Wéogo soient encadrés».

Boureima Dicko dit Baba, mécanicien à Dori : «Je trouve que les Koogl Wéogo sont inutiles. Ils commettent trop de bavures. Et cela peut même conduire à une guerre au Burkina Faso. On n’a jamais vu des choses pareilles. Ce sont la Police et la Gendarmerie qui peuvent traiter les questions de voleurs. Quelqu’un ne peut pas se lever de lui-même, attraper une personne pour dire que c’est un voleur. Dans ces conditions, ils vont tuer des innocents et c’est parti pour une série de vengeances. Et ce sera la vendetta qui risque d’instaurer une guerre civile. Je demande aux autorités d’arrêter les Koogl Wéogo, sinon, c’est la population qui le fera à leur place».

Abdoulaye Maïga, coiffeur à Dori : «Je trouve que les Koogl Wéogo doivent continuer pour le progrès du pays. Avec les voleurs qui commettent trop de dégâts, notre pays ne fera que régresser. Mais avec les Koogl Wéogo, je trouve que nous allons progresser. Donc, je suis pour les Koogl Wéogo».

Mme Angélique Yoni/Kiéma, institutrice à la CEB Dori 3 : «Les Koogl Wéogo sont bien, mais leur travail doit se faire dans un cadre légal. Ils doivent approcher la justice pour travailler avec ses acteurs. Quand les Koogl Wéogo saisissent quelqu’un, ils doivent remettre le à la justice».

Abdoul Salam Tindano, boutiquier au grand marché de Dori : «Si le travail des Koogl Wéogo est légal, c’est bien. Dans le cas contraire, ils doivent se mettre dans la légalité. Il faut l’entente pour la paix au Burkina. Les Koogl Wéogo sont utiles, mais ils doivent travailler avec la Police, la Gendarmerie et la justice».

Souleymane Tiemtoré, vendeur de motos à Dori : «Je salue l’arrivée des Koogl Wéogo. Dans ma famille, nous avons perdu beaucoup de moutons et plus de quarante bœufs. Je suis du Zoundwéogo et depuis l’arrivée des Koogl Wéogo, nous avons eu la paix. Nous sommes mêmes très fiers des Koogl Wéogo. Nous et nos animaux, nous sommes en sécurité. Avant, quand tu pars vendre tes bœufs, on t’appelle pour dire de donner l’argent. Maintenant, tout cela est fini. Les gens disent que les Koogl Wéogo travaillent au hasard. C’est faux. Les Koogl Wéogo ne cherchent que les voleurs. Celui qui ne vole pas, n’a pas de problèmes avec eux. Je souhaite l’installation des Koogl Wéogo à Dori car ce sont surtout les éleveurs qui intéressent les voleurs. Si les Koogl Wéogo viennent à Dori, cela sera très bien pour les éleveurs et nous les petits commerçants. Donc, les Koogl Wéogo n’ont qu’à s’installer rapidement à Dori».

Mme Payaguédé Paré/Zangré, secteur 3 de Dori : «Je trouve bien, les Koogl Wéogo. Mais ils doivent être encadrés et canalisés par les autorités du Burkina Faso».

Antar Cissé au secteur 3  de Dori : «Nous sommes pour les Koogl Wéogo. C’est juste une sorte de police de proximité. C’est une réalité, leur volet mystique. On dit qu’à Bogandé, les bandits sont allés remettre d’eux-mêmes, plus de 50 armes. C’est un mystère. Donc, je suis pour l’installation des Koogl Wéogo à Dori».

NB: Selon des sources non confirmées officiellement, des éléments des Koogl Wéogo seraient venus à Dori ce Vendredi 11 Mars 2016. Ils seraient venus d’un village situé au Sud-Est de Bani. Ils se seraient rendus à Bouloye Thiouly, un village situé dans la Commune Urbaine de Dori et à environs 35 km à l’Ouest de Dori. A Bouloye Thiouly, ils auraient ligoté un présumé voleur et à Dori, ils auraient pris cinq présumés voleurs de bœufs. Ils les auraient emmenés avec eux vers une destination, jusque-là inconnue. Est-ce là le début de l’installation des Koogl Wéogo dans la Province du Séno et dans la Région du Sahel ? L’avenir nous le dira. Pour le moment, les commentaires vont bon train à Dori et c’est le wait and see.

 

Hama Hamidou DICKO

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14/03/2016
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