Le Persévérant

Le Persévérant

Le Burkina Faso, pays des contrastes par excellence

Les  Contrastes et les Paradoxes du Burkina.

Le cas patent de l’enseignement secondaire.

      C’est une vérité de lapalissade que de parler aujourd’hui de disparités au Burkina sur certains aspects de la vie tant il est des domaines où cela crève les yeux sans que personne malheureusement ne s’en émeuve. Pour illustrer cet état des faits dans le domaine de l’enseignement secondaire, nous vous invitons à suivre ce récit d’une journée tout aussi ordinaire mais riche par les évènements et les coïncidences dans la capitale de la Kossi, Nouna une ville située à environ 280 km de Ouagadougou.

              Le jour s’est levé sur Nouna comme d’habitude ce jour 5 juin 2012 et les gens ont commencé à vaquer à leurs occupations habituelles. Seuls quelques avertis et les acteurs directement concernés savaient que la particularité de cette journée résidait dans le fait qu’il se tenait l’examen national du BEPC et que Nouna est un centre d’examen qui abrite trois Jury.

         Cet examen avait bien commencé au Lycée Provincial de Nouna qui abrite deux jury sur les trois et qui  a eu le privilège de la visite des premières autorités de la Province. Mais entre temps, au bon milieu de l’épreuve de Français, l’attention des candidats et des examinateurs fut captivée par des bruits assourdissants de sirènes et d’un cortège de véhicules 4× 4 rutilants et autres marques de luxe qui déferla sur la ville pour se retourner après à peine quelques temps. Notons au passage que le Lycée est situé au bord de la route principale menant à Dédougou et qui est en voie d’être bitumée.

      Aussi banal que cela puisse paraitre, cet aller –retour de ce cortège en ce moment précis a marqué les esprits et suscité des questions chez bon nombre d’observateurs. L’une des premières questions étaient de savoir quelle autorité était de passage et à quelle occasion. Les supputations allèrent alors bon train  de la supervision du chantier de bitumage en cours à une cérémonie de l’autre coté de la frontière avec le Mali. Les bruits de la ville évoquèrent par la suite le passage d’une haute personnalité.

        Le fait intéressant pour nous dans le passage de ce cortège à coté de ce centre d’examen réside surtout dans le contraste qu’il présentait entre deux mondes. Il ya d’abord ceux qui ont le présent du Burkina entre leurs mains (les éléments du cortège). Ils étaient tous angéliquement habillés et installés dans des véhicules luxueux dont ils occupaient à peine le tiers des places disponibles car étant pour la plupart assis à deux ou trois. Il ya ensuite ceux-là qui ont le futur du pays sur leur tête (les candidats) et qui subissaient les épreuves dans des conditions exécrables (une chaleur torride avec des salles mal éclairées et sans ventilation).  

         A côté de ces deux mondes, il y’avait enfin les examinateurs qui partagaient une bonne partie des mêmes conditions que les candidats mais qui au delà avaient d’autres préoccupations parmi lesquelles le souci permanent lié au déplacement en cette période sensible. En effet l’organisation du  BEPC semble être l’une des rares missions de l’Etat où la question du déplacement des organisateurs est l’un des derniers soucis. Comme la plupart des missions à l’enseignement secondaire, on demande aux uns et aux autres d’utiliser leurs propres moyens de déplacement comme s’ils n’étaient pas en mission. Pourquoi pour certaines missions on ne manque pas de moyens de locomotion mais pour l’organisation d’un diplôme aussi important que le BEPC (diplôme de base de près de 80% des cadres de la fonction publique burkinabè), on est incapable de mobiliser, requisitionner voire affecter ne serait-ce qu’un seul véhicule à l’échelle provinciale pour coordonner les choses et lever les éventuelles urgences qui  se présenteraient ?! Avec la multiplication des CEG, on demande aux présidents de centres secondaires de se débrouiller avec les moyens du bord pour faire les va et vient entre leurs établissements d’origine, leurs centres secondaires d’affectation et les chefs-lieux du jury. Avec la misère ambiante on peut imaginer dans quelles conditions une telle mission peut se mener. C’est là qu’on découvre les spectacles les plus ahurissants. Il n’est pas rare de voir des présidents de jury avec leurs sacs en bandoulière, la cantine derrière, eux-mêmes noyés dans un gros blouson et perchés sur leurs motos comme des colporteurs de sel au temps des empires. On pourrait même confondre certains à de vulgaires trafiquants au vu de la charge surtout dans les zones frontalières.

        C’est dans de telles conditions que nos braves présidents de jury ou de centres traversent nos campagnes en ces temps d’insécurité et d’intempéries pour organiser le BEPC un diplôme national dans un Burkina qui se veut émergent. Quel scandale attend-on avant de prendre au sérieux l’organisation du BEPC ? Il faudra que l’on sache que la seule bonne volonté des acteurs ne suffît pas mais qu’il faille que cela soit accompagné par des soutiens logistiques et matériels. Il faudra qu’on définisse des axes d’interventions pour que les cantines et les examinateurs (présidents de centres et autres intervenants de l’oral) puissent être transportés par des moyens sûrs et respectables dans les centres secondaires surtout. Il y va de la notoriété de l’état et de la crédibilité du système. L’argument du manque de moyens ne tient pas car l’évocation du passage du cortège ci-dessus illustre bien la situation.  Ce n’est que la résultante d’une mauvaise gestion du patrimoine national. Il faut parler simplement de manque de volonté, de bonnes volontés ou d’initiatives même au niveau local. Pourquoi tout le monde crie que l’éducation est la base de tout et personne n’est prêt à y mettre les moyens, même l’Etat?

    La négligence ou l’imprévision s’est sentie même plus tard pendant l’examen du Baccalauréat. En effet on sait bien que certaines épreuves au Bac se déroulent officiellement jusqu’à 18h30mn, à la tombée de la nuit donc. Voilà qu’à l’épreuve de Physique Chimie, Série D, premier tour, une pluie précédée d’un grand vent s’est invitée à l’examen. Conséquence, il fallut fermer portes et fenêtres pour se protéger des gouttes de pluies et des grains de poussière mais c’était sans tenir compte de la SONABEL qui devait accomplir sa tradition de coupure d’électricité. Les malheureux candidats ont dû donc rester pendant au moins 20mn, le temps pendant lequel a duré la coupure, dans de salles obscures. Ne pouvait-on pas prévoir ne serait-ce qu’un groupe électrogène pour la circonstance à l’image de l’enrôlement biométrique ou des stations d’essence ou autres services stratégiques où des groupes électrogènes assurent le relais de la SONABEL en cas de coupure ?

        Devant tous ces faits graves on évoque toujours le manque de moyens pourtant il suffit que des gens dans ce pays  organisent ‘’la fête des crapauds de leurs villages’’ ou qu’ils initient une coupe entre ‘’les édentés et les carnivores de leurs villages’’ pour voir les sponsors pleuvoir.  C’est dommage pour le pays car tous les spécialistes s’accordent à dire qu’aucun développement n’est possible et durable que s’il ne repose sur un bon système éducatif alors que les pratiques au quotidien donnent l’impression qu’au Burkina on n’est pas convaincu de cet état de fait. Il n’ya qu’à voir comment l’éducation est gérée et comment les acteurs de l’éducation surtout les chefs d’établissement sont traités par la société aujourd’hui et pis maltraités par leur propre hiérarchie qui les met souvent dans des situations inconfortables, cas de la subvention par exemple. Par souci de loyauté ou sous la pression des supérieurs, beaucoup sont contraints au silence devant toutes les situations inimaginables qu’on leur fait vivre. A force de bouder sans pouvoir parler haut, certains d’entre eux finiront par avoir la bouche pointue.  SOS il faut plus d’égards pour l’école et nos chefs d’établissement. C’est l’éducation qui y gagne et partant le pays entier avec.   

 

 

Noël TERI, Professeur Certifié de Langues  au Lycée Provincial de Nouna

                  Tel : (00226) 70.75.07.70

                   Email : terinoel2003@yahoo.fr

 

NB1 : Ceci est le cri du cœur d’un lecteur assidu du journal Le Pays et en même temps un acteur averti du monde éducatif qui est venu nous voir dans l’espoir de se faire entendre par les décideurs pour une meilleure implication de tous ceux qui sont à mêmes de faire un apport bénéfique et progressiste dans son domaine d’activités pour le bien-être et le bonheur de toutes et de tous.

NB2 : Le texte et son agencement son de l’auteur lui-même.

 

                                                                                       

 

 

 

 



04/06/2014
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