Des bruits de bottes dans la zone pastorale de Barani
COMMUNE RURALE DE BARANI DANS LA KOSSI.
Des forces de l’ordre dans la zone pastorale.
Située à environ 50 Km au Nord-Est de Barani et à environ 110 Km de Nouna, la zone pastorale éponyme est au centre des troubles qui secouent actuellement cette partie du Burkina Faso. A l’origine du problème, un certain Boureima Guindo du village de Barikala. Mais de quoi s’agit-il?
Le problème de Barikala ne date pas d’aujourd’hui. Simple au début, le problème s’est complexifié au fil du temps. En effet, tout remonterait autour des années 2000 où l’Etat burkinabè, à travers l’arrêté n0 2000-32/MRA/AGRI/MEE/MEF/MATS/MEM/MIHU, créait «la zone à vocation pastorale de Barani ». Du fait de cette délimitation et de la matérialisation de la frontière, des Burkinabè se sont retrouvés du côté d’un pays voisin, tout comme les ressortissants de ce pays se sont retrouvés du côté burkinabè. Pour ne pas donner à cette délimitation une allure de chasse aux sorcières, un ultimatum avait été donné à tous les occupants de ladite zone, à se décider de choisir leur lieu de résidence avec toutes les conséquences que ce choix entrainerait. Si dans la majeure partie des cas, il n’ya pas eu de problèmes, les choses ne sont pas allées de la même manière pour Boureima Guido. Tout d’abord, il est resté du côté burkinabè. Mais là où le bât blesse, c’est quand M. Guindo et sa famille se mirent à exploiter agricole la zone pastorale et à expédier les fruits de l’autre côté. Et pourtant l’arrêté de création de cette zone, est formel. D’une superficie de 48.924 ha, cette zone est à vocation pastorale. Non content d’y pratiquer l’agriculture, le Sieur Guindo fait venir des agriculteurs de l’autre côté de la frontière pour les installer dans la zone pastorale. A titre d’exemple et pour le compte de cette année, Boureima Guindo et son frère Ali Guindo ont emblavé à eux seuls, une superficie de 09,44 ha dans ladite zone. Après plusieurs tractations pour ramener M. Guindo à la raison, le Président Départemental de Gestion des Ressources Naturelles de Barani finira par porter plainte auprès du Procureur du Faso, près le Tribunal de Grande Instance de Nouna. C’était le 3 juin 2014. Malgré tout, les frères Guindo continueront tranquillement leurs travaux. Plus le temps passait, plus la situation se complexifiait. L’atmosphère était lourde et des affrontements n’étaient pas à écarter. C’est pourquoi, suite à la demande du Haut-commissaire de la Province de la Kossi, N. Antoine Ouédraogo, le Gouverneur de la Région de la Boucle du Mouhoun Victor Dabiré, a décidé de l’envoi des forces de défense et de sécurité pour interpeller les meneurs et sécuriser la zone. En termes de sécurité, on peut dire qu’elle n’a pas lésiné sur les moyens. Tenez : 4 pick-up remplis de Gendarmes et 2 pick-up pleins des éléments de CRS. Pour se rendre compte de la situation, une délégation s’est rendue sur les lieux ce samedi 16 août 2014. Composée du Directeur Régional des Ressources Animales et Halieutiques de la Boucle du Mouhoun, Amadou Ouédraogo; du Directeur Provincial des Ressources Animales de la Kossi, Chléophas Traoré; du Directeur Provincial de l’Environnement et du Développement Durable, Mathias Ouédraogo; du Directeur Provincial de la Police Nationale de la Kossi, Karim Blaise Zangré et conduite par le Haut-commissaire de la Province, N. Antoine Ouédraogo, cette délégation a été accueillie d’abord à Barani par le Maire Boukary Sidibé puis plus tard sur le terrain par le Lieutenant S.A.A.H. Laye, le Commandant du 23ème escadron mobile de Gendarmerie de Dédougou. Répondant à nos questions, le Lieutenant Laye nous fera savoir qu’ils étaient sur le terrain pour sécuriser la zone pastorale de Barani qui devrait être utilisée pour le pastoralisme et qui est finalement utilisée pour des raisons agricoles. Dans le cadre de leur mission, le Lieutenant Laye a déclaré avoir procéder avec ses éléments, à l’arrestation de 6 personnes dont 3 meneurs. En plus des interpellations et de la sécurisation de la zone, le Lieutenant Laye a aussi pour mission de procéder à la destruction des spéculations cultivées. «Nous allons nous replier aujourd’hui même car notre présence prolongée sur le terrain risquerait de nuire à l’atteinte de notre but premier» a-t-il conclu. Pour Amadou Ouédraogo, le Directeur Régional des Ressources Animales et Halieutiques de la Boucle du Mouhoun, «c’est un entêtement qui a conduit à cette situation». Et le DRRAH de demander «à chaque acteur de mener son activité dans le strict respect des activités de l’autre pour s’éviter des conflits car les conflits, nous savons quand ils commencent, mais nous ne savons pas jusque où ils peuvent aller ni quand ils peuvent finir». Quant au Haut-commissaire de la Province de la Kossi, N. Antoine Ouédraogo, il dit avoir été «obligé de faire intervenir les forces de l’ordre pour déguerpir la centaine d’exploitants illégaux de la zone pastorale de Barani». Pour une cohabitation sociale, le Haut-commissaire Ouédraogo demande aux uns et autres de se conformer aux textes en vigueur. Espérons que ces appels seront entendus un peu partout au Burkina Faso. En attendant, et pour revenir à la zone pastorale de Barani, Boureima Guindo et ses acolytes réfléchissent sur leur sort à Nouna; eux qui attendent de passer devant le Procureur du Faso, près du Tribunal de Grande Instance de Nouna.
EN ENCADRE :
Pendant qu’on parle de la zone pastorale de Barani, il serait judicieux qu’on se penche également sur la piste à bétail qui quitte Bomborokuy pour aller vers Barani. En fait de piste à bétail, celle-ci n’a que de nom. De tout son tracé que nous avons, elle confondait littéralement à la voie rouge. Par endroit, les bornes ont été complètement arrachées par des laboureurs. Si Barikala semble sécurisé, il est très urgent de se pencher sur cette piste à bétail pour éviter d’autres situations conflictuelles.
Hama Hamidou DICKO
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