Le calme règne au camp des réfugiés Maliens de Goudébo, une semaine après les attaques djihadistes au Burkina Faso.
UNE SEMAINE APRES LES ATTAQUES DJIHADISTES AU BURKINA FASO.
Le calme règne au camp des réfugiés Maliens de Goudébo.
Réfugiées de guerre suite à une invasion de leur pays, le Mali, par une horde de djihadistes, des familles entières vivent à Goudébo, à quinze kilomètres au Nord de Dori, sur l’axe Dori-Gorom-Gorom, dans le Sahel burkinabè. Mais ne voilà-t-il pas que le Burkina Faso, à son tour, fait l’objet d’attaques revendiquées pour certaines, par Almourhabitoune, la branche d’Al Qaëda au Magreb Islamique (AQMI); branche dirigée par l’Algérien, Moctar Ben Moctar. Comment vivent les réfugiés du camp de Goudébo, surtout avec cette période de psychose généralisée? C’est ce que nous avons voulu savoir en nous y rendant ce Jeudi 21 Janvier 2016. A défaut d’avoir pu rencontrer les réfugiés eux-mêmes, faute d’accréditation, nous vous proposons ici notre constat sur les lieux.
Il était 14h00 minutes lorsque le Maréchal Des Logis-Chef (MDL-Chef), Oumar Barro nous a ouvert la porte de son bureau. Habillé d’un Tee-shirt estampillé des couleurs de l’Armée nationale burkinabè, il portait un pantalon en treillis d’où émergeait par l’arrière, un pistolet. Assis sous le hangar avec lui, deux autres Gendarmes, tous très jeunes. L’un était habillé en tenue de combat et l’autre en civil. Accueil très chaleureux avec un bon verre de «thé vert de Chine», très prisé dans la région. En passant sous le hangar pour accéder au bureau, nous avons aperçu un autre homme de tenue dans un bureau attenant à celui du «Chef Barro» comme il s’est lui-même présenté. Après avoir pris connaissance de notre identité, le MDL-Chef Barro nous demandera le motif de notre présence. Tout en présentant nos condoléances à la Gendarmerie en particulier et à l’armée burkinabè en général, nous lui préciserons le mobile de notre visite en ces termes: «Ce camp abrite des hommes et des femmes qui ont dû quitter leur pays suite à des mésententes liées à des attaques djihadistes. Et voilà que notre pays aussi en a fait les frais des attaques similaires. Nous sommes donc venus pour nous imprégner de l’atmosphère qui règne dans le camp et savoir comment nos frères, les réfugiés Maliens, vivent cette situation». Le décor ainsi planté, «Chef Barro» nous précisera être l’adjoint du responsable sécuritaire du camp. «Nous sommes tous à Dori et nous sommes en mission ici. C’est en l’absence du patron, que je vous reçois». En nous voyant sortir notre appareil de prise de son, le MDL-Chef Oumar Barro nous dira ne pas être à mesure de s’exprimer sans l’aval de sa hiérarchie. Et de nous expliquer les obligations de réserves qui sont les leurs dans l’armée. «Chez nous les militaires, ce n’est pas la même chose que chez vous les journalistes» nous a-t-il lancé, très détendu et très taquin. Après que nous ayons vidé notre verre de thé, le MDL-Chef Oumar Barro nous indique le bureau de la Commission Nationale des Réfugiées (CONAREF); bureau chargé des questions administratives. «Nous, nous ne occupons que des questions sécuritaires» nous a-t-il lancé en guise d’au revoir. A 14h20 minutes, nous voilà dans le bureau de la CONAREF. Là également, accueil chaleureux de l’administrateur du camp, Ali Sawadogo. Assisté de trois de ses collègues, M. Sawadogo, très affable, nous expliquera la nécessité de nous munir d’une accréditation délivrée par la CONAREF depuis Ouagadougou, via le Service de l’Information du Gouvernement. «C’est vrai que vous vous êtes adressés à la bonne porte, mais il vous faut nécessairement l’accréditation. C’est en ce moment seulement que nous pouvons vous autoriser à faire votre reportage dans le camp». Inutile donc d’insister car les règles sont les règles et elles sont très claires. «Toutefois, vous pouvez passer à notre bureau de Dori pour voir notre chef d’antenne, Sékou Ouarma», nous a-t-il conseillé, l’air tout de même un peu gêné de ne pouvoir nous en dire plus. Nous prenons congé de M. Sawadogo et de son équipe. A notre sortie du bureau, un agent du camp, nous approche pour savoir le résultat de notre entrevue. Quand nous lui avons narré la situation, il nous a encouragés en ces termes: «C’est effectivement le seul moyen d’accéder à l’intérieur du camp. Munissez-vous de cette accréditation et vous verrez que tout sera facile pour vous».
Un dernier tour chez le MDL-Chef Barro et son équipe et nous voilà sur la route de Dori pour le retour. Nous avons tout de même le temps de remarquer l’atmosphère qui règne dans le camp. Ici quelques adultes qui jouent au walé à l’ombre d’un hangar; là une femme qui lave son enfant, plus loin des enfants jouent au ballon. A Côté, une famille qui devise. Aucune trace ou aucun indice d’effervescence ou de nervosité. Une petite brise balaie le camp, noyé dans le rare feuillage des arbres épineux qui dominent dans le paysage. Mise à part l’équipe du MDL-Chef Oumar Barro, aucune présence visible de sécurité. Pour amoindrir notre amertume de n’avoir pas pu échanger avec les réfugiés, nous prenons au moins le château d’eau en image. A 14h45minutes, nous mettons le cap sur Dori. A N’Djomga, soit à 6 km de Dori, un premier check-point de la Gendarmerie. «Passez !» nous fit l’un des deux agents, de la main, l’autre étant resté dans le véhicule. Un peu plus loin, un autre check-point de la Police. Là aussi, deux agents à moto. Même geste de la main. A l’entrée de Dori, un autre arrêt de la Police, même signe. A l’allée, il n’y’avait aucun check-point sécuritaire. Au retour, nous n’avons pas été contrôlés. Peut-être parce que nous étions à motocyclette. A 15h15 minutes, nous voilà dans le bureau de Sékou Ouarma, le chef d’antenne de Dori, bureau logé à la Préfecture. «La sécurité et mes collègues m’ont parlé de votre passage au camp» nous a-t-il précisé avant de nous répéter les conditions d’accès au camp. En attendant d’obtenir l’accréditation nécessaire, c’est ainsi que s’est passée notre sortie sur Goudébo.
Nous y reviendrons avec de plus amples détails.
Hama Hamidou DICKO
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