Le Persévérant

Le Persévérant

A quand le désenclavement de la Région du Sahel au Burkina Faso?

POLE DE CROISSANCE DU SAHEL.

Quand un pôle de croissance favorise une décroissance.

Dans sa stratégie de développement déconcentré, voire décentralisé, le Burkina Faso s’est lancé dans ce qu’il convient d’appeler «l’histoire des pôles de croissance». Ainsi, après Bagré, les décideurs politiques accompagnés de ceux financiers se sont tournés vers le Sahel. A ce qu’il paraît, il y’a également Samandéni et la vallée du Sourou en attente, voire en souffrance. Si d’emblée l’idée des pôles dits de croissance est noble, leur réalisation sur le terrain laisse à désirer et suscite des questionnements, en tout cas pour ce qui concerne le pôle de croissance du Sahel. Suivez-nous pour comprendre le pourquoi de notre questionnement sur ce pôle qui pourtant, a fait tant et continue de faire tant parler de lui.

Avant tout propos, signalons que le Burkina Faso entier est un pays sahélien. Seulement, il y’a des zones plus sahéliennes que d’autres. C’est d’ailleurs l’une des raisons, sinon, la principale, qui a conduit à l’appellation de la région composée des provinces de l’Oudalan, du Séno, du Soum et du Yagha, région du Sahel. C’est donc en toute logique que le pôle logé dans cette région en soit éponyme. Si à Bagré, à Samandéni et autres Sourou c’est surtout le volet agricole qui domine, au Sahel, les décideurs ont préféré jumeler les animaux et les roches. Dès cet instant déjà, nous trouvons à redire. Comment, pour un projet sensé être suffisamment mûri, peut-on mélanger les mines et l’élevage? Ce n’est pas nous qui le disons, c’est plutôt l’appellation de ce pôle. Pôle de Croissance du Sahel qu’ils l’ont dénommé avec justement en sourdine, les roches et les animaux. Peut-être que nous sommes profanes en la matière, mais mettre dans le même sac les animaux et les roches, cela nous semble soit, irréfléchi, soit précipité, soit les deux à la fois. Le Sahel regorge certes de toutes ces richesses ci-dessus citées. Mais il aurait fallu se focaliser sur un seul aspect pour mieux tirer vers là-haut, les autres aspects et secteurs de la vie socioéconomique. D’ailleurs la pratique constatée sur le terrain nous donne amplement raison. Tenez !!! Depuis qu’on a commencé à parler de ce pôle, on ne voit que le volet minier. Et ce ne sont pas les Ministres du Gouvernement de la Transition qui nous contrediront, eux qui, durant  leur séjour à Dori dans le cadre de leur Conseil des Ministres délocalisé, ont consacré toute une visite de terrain à l’une des plus grandes mines du Burkina Faso, située justement au Sahel. Si à l’occasion des échanges avec les forces vives de cette région, des questions relatives à l’élevage ont été soulevées, c’était juste pour respecter les us et coutumes de ce genre de fora. Passons sur cet aspect pour nous intéresser au volet minier de ce soit disant pôle de croissance du Sahel. Le Sahel est presque devenu, sinon est devenu une mine à ciel ouvert. Pour vous en convaincre, faites-y un tour. Que ce soit dans l’Oudalan, le Séno, le Soum ou dans le Yagha, vous verrez des mines partout. Et si votre séjour se prolonge, vous vous croirez en Syrie où les différentes aviations se relaient pour larguer leurs bombes sur les différentes zones tenues par les protégés des uns et des autres. Seulement et heureusement d’ailleurs, au Sahel, les vrombissements des petits Ultra Légers Motorisés (ULM) ou autres bimoteurs, même s’ils dérangent par moment n’inquiètent pas trop. Nous disons bien qu’ils n’inquiètent pas trop car on ne sait jamais. C’est vrai qu’ils passent le clair de leur temps à cartographier tout le Sahel à la recherche du métal jaune, mais sait-on jamais si une de ces libellules en fer venait à se décrocher du ciel….Bref.

Un pôle de croissance comme son nom l’indique, doit ou devrait accroître l’accumulation matérielle, favoriser la répartition des richesses et impacter positivement le bien-être des populations riveraines et par ricochet, le pays tout entier.

On l’a déjà dit avant nous et si nous le répétons aujourd’hui, c’est à juste raison: «La route du développement passe par le développement de la route». Mais que constate-t-on au Sahel? C’est à se demander si ce pôle n’a pas été pensé et conçu pour favoriser finalement la décroissance au Sahel ?! Jugez-en, de par vous-mêmes !!!  De Tin Abao à Dori en passant par Gorom-Gorom, vous évoluerez sur un semble de route où les nids de poules aux allures des pieds d’éléphants se le disputent aux «nattes terrestres» communément appelées «escaliers». De Djibo à Gountouré en passant par Djigo, Dori, Sebba et Solhan, vous n’aurez que secousses et poussière comme compagnons. Ce dont nous nous parlons, tous les usagers des voies (nous n’osons pas parler de routes) du Sahel, savent de quoi nous parlons. Et ce ne sont pas les transporteurs qui nous contrediront, eux qui «sacrifient» leurs outils de travail que sont justement leurs véhicules de transport dont d’ailleurs les maigres revenus suffisent à peine à assurer les frais d’entretien. Trous par-ci, poussière par-là, nids de poules plus loin; voilà le quotidien et les compagnons des Sahéliens quand ils pensent à voyager. Même si on parle de pôle minier, ce n’est pas une raison pour laisser une bonne partie du Sahel sans une portion de bitume. Le peu d’espace qu’occuperont les routes bitumées n’empêcheront pas les multinationales de forer, que disons-nous, d’excaver et de rentabiliser toujours leurs investissements assurant ainsi le retour sur investissement, un terme qui leur est tellement cher. Et pourtant ce ne sont pas les moyens qui manquent, comme on le dit trivialement. D’abord les moyens humains. Ils sont disponibles et disposés. Ensuite les moyens financiers et enfin les moyens matériels. Tout est là. D’ailleurs il suffit de voir les énergies déployées justement par les multinationales minières pour bien s’en convaincre. Des convois hebdomadaires, des files des véhicules de tout genre en n’en point finir. Le tout couronné par la sécurité qui ne se déplace pas gratuitement. Donc, les moyens sont disponibles et disposés. Mais là où le bât blesse, c’est qu’on ne voit aucun impact positif sur les populations riveraines. On nous répondra qu’il y’a eu des emplois créés. Certes, mais combien sont-ils ceux et celles qui travaillent dans ces mines par rapport à la population entière qui souffre dans sa chair. Venez au Sahel et vous ferez 300 kilomètres (nous disons bien 300 kilomètres) sur voie rouge pour rallier Djibo à Sebba en passant par Dori. Venez à Dori et vous vous demanderez comment les gens se débrouillent pour rallier Dori et Markoye en passant par Gorom-Gorom. Essayez d’aller de Dori à Oursi, à Tin Akoff ou à Déou en passant par Gorom-Gorom. Vous nous en direz des nouvelles, comme le dit une émission sur une radio internationale bien connue.

Donc et ce franchement au-delà de toutes les promesses tenues ici et là, il est réellement temps qu’on se penche sur la question du désenclavement du Sahel. Parce que si le Sahel est désenclavé, c’est tout le Burkina Faso qui en bénéficiera. Nous voyons déjà des esprits volant à ras-de-sol vouloir ramener ce débat à une idée régionale, voire régionaliste. Nous leur laissons libre cours à leurs pensées et l’entière responsabilité de leurs conséquences. De notre côté, nous pensons qu’il n’est plus question de louvoyer sur des grandes questions à envergures nationales. Parce que nous jugeons que la réalisation de ces routes aura un impact national et cela, inévitablement. Donc, qu’on se comprenne et qu’on ne se méprenne.

En initiant cet écrit, nous voulons donc nous adresser tout d’abord aux autorités nationales. Parce que ce sont elles qui définissent et orientent les politiques nationales, et ce depuis la conception jusqu’à la mise en œuvre. Ensuite, nous visons les futures autorités régionales (Conseillers régionaux, élus locaux, qu’ils soient Députés, Conseillers municipaux ou Maires). Bien vrai que la politique nationale est définie de façon globale, mais il n’en demeure pas moins que les propositions peuvent et même doivent monter de la base vers le sommet pour prendre en compte les différentes visions et les multiples attentes des populations en matière de développement et par conséquent de bien-être. Nous visons enfin, toute bonne volonté qui pourrait vraiment faire quelque chose à passer justement à l’acte pour amoindrir les souffrances indicibles des populations sahéliennes en matière de routes.

Vive le Burkina Faso !!!

Vive l’Afrique !!!

Que DIEU bénisse l’humanité !!!

 

Hama Hamidou DICKO

Tel (00226) 70.68.09.74// (00226) 78.28.13.98// (00226) 74.85.40.90

E-mail: dick2h@yahoo.fr// hhdicko@gmail.com

 



28/01/2016
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