SOUTIEN AUX FEMMES ET A LA JEUNESSE. Zoom sur des femmes battantes à Dori.
SOUTIEN AUX FEMMES ET A LA JEUNESSE.
Zoom sur des femmes battantes à Dori.
Les autorités du Burkina Faso parlent de création d’emplois pour les jeunes et les femmes. En attendant l’effectivité intégrale de cette initiative, nous nous sommes intéressés aux femmes qui se battent de par leurs propres moyens. Zoom sur les femmes battantes de Dori.
Avant tout propos, nous tenons à préciser que, d’une part, notre liste est loin d’être exhaustive. D’autre part nous nous sommes plus focalisés sur le cas des femmes qui s’exercent dans des domaines considérés, à tort ou à raison, comme «des métiers masculins» par excellence.
Nos premiers pas nous ont conduits chez Mademoiselle Edith Ouédraogo, gérante d’un guichet de ventes de puces téléphoniques à La Colombe de Dori, face à l’auto-gare. A 08h30 mn ce Mercredi 05 Mai 2016, Mlle Ouédraogo était déjà très affairée. Achat de puces par-ci, reprise de puces perdues par-là, notre interlocutrice, l’oreille collée au téléphone, ne chômait point du tout. Entre deux clients, elle dégage un bout de temps pour répondre à nos questions : «Je vends des puces téléphoniques à La Colombe de Dori» nous lance-t-elle en guise d’introduction. «Je suis venue dans ce métier grâce à une Dame qui m’a beaucoup aidée» poursuivra-t-elle. Pour Edith Ouédraogo, ce métier s’explique par la rareté du boulot et du fait que «si aujourd’hui tu ne travailles pas, personne ne te respecte». Comme difficultés, Edith Ouédraogo se plaint de la qualité douteuse de certaines puces téléphoniques mises en vente sur le marché. «Nous rencontrons souvent des problèmes avec des clients dans la mesure où certaines puces sont défaillantes. Les clients ne comprennent pas que ce n’est pas de notre faute», s’est-elle défendue. Si elle recrute ses clients dans les deux sexes, ce sont surtout les hommes qui sont enclins à se plaindre quand ils rencontrent des difficultés. Toutefois elle trouve que l’activité de vente des puces téléphoniques est une bonne chose dans la mesure où «il n’y’a pas de sot métier, mais il n’y’a que de sottes gens» a paraphrasé Mlle Edith Ouédraogo. Comme souhaits, notre interlocutrice attend des nouvelles autorités un appui aux femmes dans leurs différentes activités.
Autres lieux, autres occupations et préoccupations. A 09h00 mn, nous voilà dans l’atelier de couture de Mlle Juliette Kambine. Situé sur la route Dori-Sebba à quelques encablures de la DRENA/Sahel, son atelier est engoncé entre une boutique et un atelier de mécanique de motocyclettes. C’est très occupée à découper et à mesure un tissu qui prenait déjà la forme d’un pantalon que Demoiselle Kambine nous a reçus. Remontant le temps, Juliette Kambine nous apprendra qu’elle exerce ce métier de tailleur depuis 2005. «C’est en 2005 que j’ai commencé l’apprentissage mais c’est en fin 2008 que j’ai obtenu ma première machine à coudre pour m’installer à mon propre compte» nous a relaté Demoiselle Kambine. A l’entendre, c’est grâce à sa grande sœur qu’elle est venue dans ce métier. «Ma grande sœur est une couturière et c’est elle qui m’y a attirée. J’ai donc fait l’apprentissage trois ans durant sur le tas avant de m’installer à mon propre compte» nous dira Juliette Kambine qui avoue rencontrer des difficultés dans son métier. «Les clients se plaignent et accusent les tailleurs de leur donner de faux rendez-vous. Mais souvent, ce n’est pas la faute du tailleur» s’est-elle défendue tout en poursuivant en ces termes : «Il y’a des clients qui viennent à la dernière minute nous mettre la pression. Il y’a des clients qui ne donnent aucune avance. Il y’a des clients qui ne viennent pas régler leurs commandes. Donc, toutes ces situations nous mettent dans des difficultés tout en sachant qu’il faut faire tourner la boutique au même moment et faire face à toutes les charges». Pratiquant la couture mixte, Demoiselle Kambine reconnaît que c’est la clientèle féminine qui est difficile à gérer. Dans son minuscule atelier, notre interlocutrice emploie deux apprentis, tous des garçons. Comme rêves, Mlle Juliette Kambine espère pouvoir ouvrir un atelier plus grand. «Je souhaite avoir les moyens pour ouvrir un grand atelier et employer beaucoup plus de personnes pour les former et créer des emplois plus stables». Comme souhaits, Mlle Juliette Kambine demande aux nouvelles autorités de soutenir les tailleurs, matériellement et financièrement «pour nous permettre d’apporter notre part contributive au développement de notre pays» a-t-elle soupiré.
Situé en face de la grande mosquée de Dori, l’atelier de Balkissa Yoda/Daramkoum est un peu plus grand. Avec ses apprentis et ses employés, elle était occupée à terminer des commandes. «J’ai commencé ce métier depuis 2008» nous dira Mme Yoda. «J’ai d’abord fait trois ans de formation dans le centre de la CNSS à Ouaga» raconte Balkissa Yoda/Daramkoum. Mais comment est-elle venue à la couture ? «C’est quand j’étais au Lycée Zinda. Il y’avait un tailleur à côté de notre lycée et Amity Méria venait coudre chez lui. A chaque fois qu’elle venait, je sortais pour la regarder. Et après avoir raté mon BEPC, je me suis dit mais pourquoi ne pas aller à la couture?». Des difficultés, Balkissa Yoda/Daramkoum en rencontre dans l’exercice de son métier. Pratiquant la couture mixte, elle trouve la clientèle féminine difficile à gérer, car selon ses propos, les femmes aiment se plaindre beaucoup et facilement. «Dans mon atelier, j’ai quatre personnes. Deux employés et deux apprentis dont trois hommes et une fille. Nos difficultés sont d’ordre matériel et financier» a reconnu Mme Yoda. «J’ai créé une association de jeunes couturiers de Dori. On a voulu organiser des défilés de mode et autres activités de ce genre mais le manque de moyens nous a recalés» a-t-elle confessé. Comme attentes face aux nouvelles autorités, «je leur demande de vraiment avoir le regard tourné vers les artisans du Burkina Faso. Nous leur demandons de nous aider pour nous permettre de sortir la tête un peu hors de l’eau. Sinon, pour le moment c’est vraiment la galère» a conclu ; l’air dépitée, Balkissa Yoda/Daramkoum.
Lors de ce reportage nous avons voulu rencontrer une femme entrepreneure, chose un peu rare au Sahel. Nous avons aussi voulu rencontrer une conductrice de véhicules, chose très rare au Sahel. Malheureusement, nous n’avons pas pu obtenir d’audience malgré notre insistance.
Et comme nous l’avions dit dès l’entame de ce papier, cette liste est loin, très loin d’être exhaustive. Elles sont nombreuses ces filles et femmes qui exercent dans des métiers similaires. Nous avons même entendu parler d’une conductrice d’engin lourd dans une structure minière de la région. Nous pensons que ces filles et femmes méritent une attention particulière pour qu’elles puissent faire des émules au bénéfice de la société burkinabè.
Hama Hamidou DICKO
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