Le Persévérant

ARRESTATION DU GENERAL SANOGO AU MALI.

Quand IBK se trompe d’adversaire.

Le Mali n’en finit décidément pas de faire parler de lui. Chaque semaine qui passe apporte son lot de nouvelles plus alarmantes ou plus cocasses les unes que les autres. Mais le plus pathétique dans cette histoire, c’est la fixation que les nouvelles autorités de Bamako font sur l’ex-Capitaine devenu récemment Général. En effet, pendant que l’armée malienne est aux prises avec des irrédentistes du MNLA au Nord-Mali. Pendant que ce même MNLA met Kidal et sa zone sous coupe reglée à telle enseigne d’empêcher tout un Premeier Ministre, en l’occurrence, Omar Tatam Ly d’y atterrir. Pendant que les observateurs internationaux sensés veiller à la régularité des élections législatives dans le Nord ont déserté ce même Nord pour cause d’insécurité. Pendant que Bamako libère des rebelles purs et durs connus de tous pour les hauts faits malheureux perpétrés sur les militaires maliens à Aguél’hoc. Pendant que Bayes Ag Bakabo, le sinistre commanditaire du meurtre de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon de la Radio France Internationale se pavane tranquillement dans le massif des Ifhoras. Pendant que Iyad Ag Ahly, celui-là même qui ne cache pas sa volonté de partition du Nord-Mali pour y instaurer un Etat islamiste et islamisé basé uniquement sur la charia, se la coule douce entre Nouakchott et autres Nouadibou, qu’est-ce que le brave pouvoir malien à travers le juge Yaya Karambé, ce cheval de Troie, a décidé de faire? Ni plus, ni moins : d’arrêter le Général Amadou Haya Sanogo, le tombeur d’un autre Général, Amadou Toumani Touré, celui-là. Une fois de plus, le pouvoir IBK a surpris plus d’un en se rendant là où on l’attendait le moins, là où le peuple malien l’attendait le moins. Au lieu de jouer les durs et les bravaches au bord du Joliba, IBK et sa smala doivent savoir qu’il y’a plus urgent que d’arrêter et de juger Sanogo. C’est vrai qu’il ya eu des mésententes à un moment donné entre des factions importantes de l’armée malienne, mais qu’IBK et son clan nous montre un seul cas de coup d’Etat où il n’y pas eu de morts d’hommes. De Seyni Kountché à Blaise Compaoré, il n’ya jamais eu de coup d’Etat «propre». Même en Mauritanie où on tente de nous faire avaler des couleuvres, lorsque des armes parlent, inévitablement des vies se taisent. L’attitude d’IBK et de son juge Karambé n’est ni plus ni moins que cette attitude qui consiste à «laisser passer le serpent pour s’acharner sur ses traces». Pourtant c’est sur son surnom de guerre de Kankélén Tigui qu’IBK a été envoyé à Koulouba par les Maliennes et les Maliens. D’autre part, IBK devrait rendre un vibrant hommage au Général Sanogo, sans le concours de qui, il ne verrait Koulouba que des bas quartiers de Bamako. La route était toute tracée pour le «célèbre exilé de Ouagadougou», Soumaïla Cissé, Soumi, à qui le Général Amadou Toumani Touré était prêt de passer le flambeau. Depuis sa mise à l’écart du temps du bouillant mais un peu véridique Alpha Oumar Konaré, IBK n’était plus au programme pour fouler le perron de Koulouba. Il devrait donc dire I ni tchié (merci en langue africaine Dioula ou Bambara) au désormais Général, Amadou Haya Sanogo. Mais IBK a décidé de dire merci à d’autres acteurs. C’est tout simplement une manière de s’attirer les bonnes grâces du club très select des Chefs d’Etats africains qui, comme dans une secte ésotérique, ne laissent pas entrer n’importe quel quidam. Pour montrer patte blanche, il fallait à IBK, brandir le scalp du Général Sanogo; parce que tout simplement nos têtes couronnées ne veulent plus entendre parler de coup d’Etat, mêmes «salvateurs» pour emprunter le mot à l’inénarrable Professeur Laurent Kilachiu Bado, du Burkina Faso. Sinon, on ne comprend pas pourquoi, pendant qu’IBK chemine avec tous les problèmes qui assaillent le Mali actuellement et au lieu de s’atteler à les résoudre ou à tout le moins faire semblant de les résoudre, IBK a tout simplement choisi de plaire à d’autres dont les intérêts sont aux antipodes de ceux du Mali et des Maliens. Mais, il ne faut jamais désespérer de l’Homme. Il est capable du pire certes, mais il est aussi capable du meilleur. Gageons qu’IBK et l’ensemble de son équipe reviendront sur terre pour consentir à liberer le Général Sanogo et à s’attaquer aux vrais problèmes des Maliens; des problèmes qui ont pour nom, vie chère, pauvrété, inaccessibilité à l’éducation et aux soins de santé et j’en passe. Vivement que la sagesse s’empare de la colline blanche de Koulouba pour le bonheur de beaucoup. Et ce ne sont pas seulement les Maliens qui attendent avec impatience cette occurrence.