Le Persévérant

Search For Common Ground : Le projet Woumtaaba - Terrain d’entente.

Comme promis, voici les textes qui m'ont valu le premier prix.

Ci-dessous le premier texte tel quel....

DORI

Quand la rumeur engendra la psychose.

Juin 2022. Nous sommes un dimanche, juste quelques jours après la dramatique attaque perpétrée à Seytenga. Il était 17 heures 30 minutes lorsque je suis sorti du studio. Dans la cour de la radio, un Monsieur à l’allure et à l’air tout préoccupé. Je ne tarderais d’ailleurs pas à m’en rendre compte. « Le quartier Petit-Paris est en train de se vider. Le quartier Gnaréla est assiégé par des motos. La ville de Dori est quadrillée par les FDS qui patrouillent ». C’est ce qu’il me racontera d’un trait. De prime abord, j’ai été saisi d’un effroi qui finira par passer tout de même, non pas que je n’avais pas peur pour ma vie ou ma survie, mais parce que j’ai tenté de prendre le contrôle de mes sens. « Calmes-toi. De toutes les façons, panique ou pas, si tu dois y passer, point d’échappatoire » m’entendis-je soliloquer.

Revenant petit à petit à moi, je me mis en quête d’en savoir plus. Un coup de veine, un habitant de Petit-Paris était là. « Quelle est la situation maintenant dans votre qua rtier ou bien tu n’es pas au courant ?» lui ai-je lancé. « En fait il n’en est rien. J’ai justement entendu parler de cette rumeur mais je me suis renseigné par téléphone. C’est en fait le résultat d’une petite incompréhension et effectivement une partie du quartier a failli se vider mais heureusement tout est rentré dans l’ordre » m’a-t-il rassuré.

Et que dire du côté de Gnaréla. Renseignement pris, il n’en était rien. C’était juste la circulation qui avait été amplifiée. Quid des patrouilles des FDS ? Toujours est-il que je n’en ai point rencontrées.

Ainsi, cette rumeur, distillée juste dans les sillages des évènements indicibles de Seytenga, avait un terreau fertile. La rumeur se nourrit souvent des fantasmes, mais également de la peur. Une fois en circulation, elle prend le contrôle des pensées et des raisonnements.

Et pour y faire face, communiquons et bien. Privilégions une communication juste et véridique, donnée à temps opportun. Il y va de notre cohésion sociale, de notre sérénité, de notre concorde, en un mot, de notre vivre-ensemble paisible. Veillons-y si toutefois nous y tenons. Et j’ai la naïveté de croire que ces aspects nous importent beaucoup. En tout cas personnellement, j’y tiens. C’est un impératif.

Dori, vendredi, le 26 août 2022

Hama Hamidou DICKO