Le Persévérant

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DRAME DE YIRGOU. Une conférence de presse interpellatrice organisée à Dori.

DRAME DE YIRGOU.

 

Une conférence de presse interpellatrice organisée à Dori.

 

Le Centre Multi Médias de Dori a accueilli une conférence de presse ce vendredi 14 juin 2019. Organisée par la coordination de la marche du 12 janvier 2019 à Dori avec à sa tête le MBDHP/Séno en collaboration avec le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC), cette conférence avait pour objectif principal d’interroger les autorités administratives, militaires et judiciaires sur la suite donnée au drame de Yirgou, et ce, six mois après les funestes évènements. En plus des organes de presse, cette conférence a connu la présence des forces vives et des personnalités de la ville de Dori. Au présidium, Dr Daouda Diallo et Dr Boureima Barry du CISC. A leurs côtés, Abdoulaye Hoéffi Dicko et Hassane Bocoum du MBDHP/Séno.

 

Après une note introductive faite par Hassane Bocoum, la conférence pouvait commencer. Et c’est à Abdoulaye Hoéffi Dicko que l’honneur de livrer la déclaration liminaire est revenu. «Aux premières heures de l’année 2019, le Burkina Faso a enregistré un événement douloureux, fragilisant davantage notre vivre-ensemble. Cet événement fût le massacre de la communauté Peule de Yirgou dans la commune de Barsalgho, région du Centre-Nord, qui a fait plus 210 morts et des milliers de déplacés internes. Le gouvernement quant à lui, avait annoncé 49 morts comme bilan du massacre. En effet, la milice Koglwéogo, sous prétexte de suspicion de complicité des Peuls à l’attaque terroriste qui a tué le chef du village de Yirgou ainsi que des membres de sa famille, assassinat que nous condamnons avec la dernière énergie, lance un mot d’ordre d’extermination de la communauté Peule de Yirgou et des villages environnants». A-t-il commencé. Avant de poursuivre en ces termes : «Au lendemain de cette hécatombe, des actions de protestation et de dénonciation eurent lieu dans plusieurs villes du Burkina Faso. Des manifestations ont surtout été menées dans l’objectif de réclamer vérité et justice pour les nombreuses familles victimes du massacre. Elles ont eu lieu à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Dédougou, Bogandé, Fada, Ouahigouya et Dori.  Ici à Dori, nous aussi avions lancé une chaine de solidarité au profit des populations déplacées de Arbinda, affectées par ces tueries. Et nous avions pu collecter et offrir à la commune d’Arbinda près de quatre tonnes de vivres, des vêtements ainsi que des chaussures». Pour Abdoulaye Hoéffi Dicko et ses camarades, «ce gouvernement, il faut le dire, ne rassure pas dans la gestion de cette crise. Les faits, depuis le début des massacres dans les villages jusqu’au déplacement du Chef de l’Etat sur les lieux en passant par la communication gouvernementale sur la crise nous ont démontré que le gouvernement ne semble pas pressé de rassurer les victimes quant à sa bonne volonté de traiter avec diligence ce dossier. Pour notre part, nous, une fois de plus, nous invitons les autorités du Burkina Faso à assurer la sécurité de TOUS les habitants du Burkina Faso, et de faire en sorte que les auteurs des différentes tueries répondent de leurs actes devant la justice». C’est pourquoi, «cette conférence de presse se tient dans un esprit d’interrogation sur la procédure judiciaire en cours sur ce massacre. Toutefois, nous osons croire en l’indépendance de notre système judiciaire afin de mener à bon terme cette procédure judiciaire ; car pouvoir le faire constituera une preuve éloquente qu’il n’existerait pas une justice à double vitesse dans notre pays. Pour cela, nous exhortons nos autorités judiciaires à faire appliquer la loi avec toute la rigueur qui sied car c’est l’image de notre justice qui est en jeu»

 

Avec le Dr Daouda Diallo on apprendra que «depuis janvier jusqu’à nos jours, cette période est jalonnée par la poursuite des massacres par les groupes d’autodéfense Koglowéogo. Les Koglowéogo distribuent la mort au même titre que les terroristes que nous dénonçons tant». Poursuivant, Dr Daouda Diallo citera une liste de personnes abattues par les Koglowéogos au vu et au su de l’autorité. Terminant, il s’interrogera : «Les Koglowéogos, est-ce une milice politique ? Est-ce une milice suramée plus que nos FDS ? Est-ce une milice psydo incontrôlée ?»

 

Prenant la perche au vol, le Dr Boureima Barry s’intéressera à la question humanitaire du drame de Yirgou. «La question humanitaire se compose de trois volets à savoir le volet nourriture et assistance alimentaire ; le volet sanitaire et le volet habitat et assainissement». A-t-il fait savoir. Poursuivant, Dr Boureima Barry fera savoir aux journalistes qu’il y’avait principalement, pour les déplacés, le site de Barsalogho et le site de Foubè ; celui de Kelbo n’ayant de site que le nom du fait de plusieurs facteurs. Actuellement, le CISC est à plus de 50 millions de Francs CFA de dépenses dans l’humanitaire depuis les évènements malheureux de Yirgou a précisé le Dr Boureima Barry.

 

Beaucoup de questions des journalistes sont venues permettre aux conférenciers de donner de nouveaux détails. Sont de ces détails, la composition d’un pool de cinq cabinets d’avocats pour venir appuyer Me Ambroise Farama qui était déjà sur le dossier. Selon les conférenciers, la justice a demandé une somme de 100 millions de Francs CFA pour pouvoir travailler sur le dossier Yirgou. «Le Premier Ministre a déjà donné son accord mais on constate que les choses ne bougent pas toujours. Il y’a un goulot d’étranglement entre la hiérarchie militaire et celle judiciaire» a révélé Dr Daouda Diallo.  La méthode de décompte des victimes tuées; les risques de radicalisation si l’impunité perdurait ; les cas de plusieurs déplacés internes accueillis à Dori et à Ouagadougou etc. sont des points qui entre autres, ont intéressé les journalistes présents. «Il y’a actuellement un nettoyage légitimé des témoins gênants de Yirgou» s’est convaincu Dr Daouda Diallo. Pour Abdoulaye Hoéffi Dicko, «aucune cohésion sociale ne se construit sur de l’impunité». En fait, la conviction des conférenciers, «c’est parce que Yirgou est resté impuni que nous avons connu Arbinda. Nous pensons que Arbinda est la résultante de la mauvaise gestion de Yirgou. De ce fait, nos autorités judiciaires et gouvernementales doivent prendre le problème avec tout le sérieux qui sied».

 

Avant de clore les échanges, les conférenciers ont invité tous les burkinabè à œuvrer pour que le drame de Yirgou ne reste pas impuni. «A notre niveau, nous pouvons vous assurer que nous resterons mobilisés jusqu’à ce que justice soit faite aux victimes de cette tuerie. Et, en fonction de l’évolution de la situation, nous réfléchirons sur les actions futures à poser dans ce sens.» ont-ils prévenu.

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Hama Hamidou DICKO

Tel (00226) 70.68.09.74// (00226) 78.28.13.98// (00226) 74.85.40.90

E-mail: dick2h@yahoo.fr// hhdicko@gmail.com

 



14/06/2019
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