Le Persévérant

ORGANISATION DE L’EXAMEN DU BREVET D’ETUDES DU PREMIER CYCLE.

«Il est vraiment temps qu’on se focalise sur les bêtisiers de l’organisation», dixit Noël Teri.

Le BEPC, c’est fini. Du moins pour ce qui concerne la session de 2017. Toutefois, c’est le lieu et le moment de tenir des réflexions pour tirer des enseignements. Et pour l’auteur de ce point de vue, c’est surtout l’organisation pratique elle-même qui mérite d’être revue. Lisez plutôt.

La session 2017 du BEPC vient de refermer ses portes ce 14 juin 2017 entraînant des fortunes diverses pour les candidats et leurs familles de même que pour tous les acteurs de l'éducation en termes de résultats. On aura néanmoins remarqué que, sauf erreur ou omission, la tradition a été respectée et les organisateurs, toutes tendances confondues, peuvent se frotter les mains dans la mesure où aucun cas de fraudes n’a été signalé ni aucun incident majeur pouvant entacher la crédibilité des résultats n’a été relevé. Seul bémol, ces soucis financiers vers la fin. Mais la question majeure qui se pose et qui mérite une attention légitime, c’est bien le cas de l’organisation. Une bonne organisation d’un examen doit-elle se limiter exclusivement au respect de certaines pratiques coutumières ? Tout en implorant la clémence de nos encadreurs pédagogiques, des psychologues et autres spécialistes de l’éducation, je voudrais partager certaines questions qui m’ont toujours turlupiné l’esprit et ce, depuis le début de ma modeste expérience d’une vingtaine d’années de participation au BEPC comme correcteur et ou surveillant. Et l’une de ces questions, c’est le timing du travail lors de la première journée. En effet, examinateurs et candidats, sont obligés d’être sur pied à partir de 5h du matin pour l’appel de 6h. De la vérification des identités à l’ouverture des sujets, on est déjà à 7h30 pour la dictée. A la dictée, suivront les deux autres épreuves du Français, à savoir le maniement et la connaissance de la langue ainsi que la compréhension et l’expression qui prendront fin vers 11h30mn. Résultat, de 5h du matin à 11h30, les candidats n’auront affronté qu’une seule matière. Et subitement après une courte pause, ils doivent entamer la deuxième matière, à savoir la Science de la Vie et de la Terre (SVT). Pour une matière aussi vaste avec un coefficient 3 et deux sujets au choix, les candidats n’auront que 1h30 minutes. Quel temps pour lire ces deux sujets et opérer un choix judicieux et traiter conséquemment le sujet ? Et ce n’est pas tout. Aux environs de 13h on sonne la fin de l’épreuve et on somme les candidats de revenir à 14 h pour assister à l’appel de l’épreuve d’anglais écrit prévu pour 15h. C’est donc logique que certains candidats ne puissent pas traiter sereinement cette épreuve mais les Questions à Choix Multiples (QCM)  aidant certains d’entre eux accomplissent à la va-vite la formalité en quelques minutes pour mieux se reposer en attendant anxieusement les Mathématiques et la Physique Chimie pour le lendemain. 

C’est ainsi que se déroule traditionnellement la première journée du Brevet d’Etudes du Premier Cycle et s’il vous arrive d’interroger nos techniciens et autres décideurs sur cet aspect, vous n’aurez aucune autre explication que l’habitude et la routine. Il en a toujours été ainsi, vous répondra-t-on. C’est également ainsi que sont traités les candidats du second tour, eux qui sont soumis à une épreuve de Français d’une durée de 1h30mn, la mère des matières dotée d’un coefficient 5.

Autre constat. Durant ce temps d’examen, les présidents de centres secondaires parcourent nos campagnes à 20 Francs CFA le kilomètre avec de cantines d’examen le plus souvent derrière leurs motos, à l’image des colporteurs au péril de leurs vies, surtout en ces temps d’insécurité. Et dans ces mêmes centres secondaires, les candidats sont surveillés par leurs propres enseignants. Pourtant ne dit-on pas que la confiance n’exclut pas le contrôle ? Au fil des sessions, des murmures et des suspicions se focalisent sur des copies tant la ressemblance de leurs contenus est frappante souvent. Mais de quelles preuves dispose-t-on ? Alors pourquoi ne pas déplacer des surveillants dans les centres secondaires à défaut de pouvoir déplacer les candidats dans les villes abritant les jurys ? A toutes ces questions, la même réponse : Il en a toujours été ainsi. C’est comme si c’était une prescription divine. Et pourtant un bref regard rétrospectif nous rappel que, jadis beaucoup de matières au BEPC étaient uniquement à l’oral et ce sont des reformes qui ont fait aboutir à la forme actuelle. Donc on peut toujours reformer. Parlant des reformes, on pourrait évoquer le manque des moyens financiers oubliant que tout n’est pas forcément liée aux finances. En effet, des mesures simples existent et expérimentées, elles permettraient d’éviter l’actuel gaspillage constaté. En exemple, je citerai les cahiers de composition de douze pages pour toutes les matières. Pourtant on sait qu’une dictée c’est tout au plus deux pages et l’anglais écrit prend au maximum quatre pages. J’imagine le gain en papier si on concevait des cahiers spéciaux pour ces deux matières. Au lieu de faire la chasse aux perles des candidats après chaque session,  à mon humble avis, il est vraiment temps qu’on se focalise sur les bêtisiers de l’organisation aussi. A coup sûr, la pression qui pèse sur les candidats peut imparablement impacter et négativement les résultats de certains car en horaire habituel, aucun élève ne se retrouve en classe au-delà de midi encore moins composer un devoir à 13h. Loin de moi l’idée de prôner la facilité pour les candidats mais tout de même une bonne logique dans les manières de faire ne serait pas de trop.

Noël TERI

Professeur d’Anglais

Tel : (00226) 70.75.07.70 // (00226) 78.50.40.46