Le Persévérant

Mali : Et Sélingué ravitailla Bamako en poissons !!!

Jamais deux sans trois, dit l’adage. Ici même, je vous avais parlé des barrages de Manantali et de Taoussa au Mali. Après un détour au Niger pour parler du barrage de Kandadji, je suis de retour au Mali. Cette fois-ci, c’est le barrage de Sélingué qui a retenu mon attention.

Sélingué est une localité située dans la région de Sikasso à 140 km de Bamako et à proximité de la frontière guinéenne. Le barrage hydroélectrique éponyme est l'un des plus importants centres de production d’énergie du Mali. D’une puissance globale de 46 mégawatts, il a produit environ 247 GWh soit 28 % de la production malienne en 2006 et permet la distribution électrique à Bamako, à Kati, à Koulikoro, à Ségou, à Fana, à Dioïla, à Yanfolila et à Kalana. Mis en service en 1980 et réhabilité entre 1996 et 2001, le barrage de Sélingué est exploité par la compagnie malienne Énergie du Mali.

Construit sur la rivière Sankarani, un affluent du fleuve Niger, son bassin de rétention forme le lac de Sélingué de 430 km2 avec un volume de 2,2 milliards de m3. Créé par la construction du barrage hydroélectrique de Sélingué de 1976 à 1980, la mise en eau du barrage, et par conséquent la création du lac artificiel, s'est faite entre 1984 et 1985.

Sur le barrage de Sélingué, l’activité de pêche est bien développée. En effet, les vagues de sécheresse successives du Delta du Niger entre 1970 et 1980 ont poussé les pêcheurs à s’installer sur quatre zones du pourtour du barrage de Sélingué, à savoir Carrière, Sélinkégny, Farabacoro et Yanfolila. Et, l’essentiel de l’approvisionnement de la capitale Bamako en poissons provient de Sélingué. Des pêcheurs Bozo du Delta central du fleuve Niger, venus des régions de Ségou et de Mopti attirés par des pêches dites « miraculeuses » sont venus constituer la deuxième vague de migration mais interne celle-là. Cette vague s'est produite au début des années 1980. Avec l’appauvrissement des ressources en poissons du lac depuis cette période, la moitié des pêcheurs du lac de Sélingué sont devenus des saisonniers issus du Delta central du Niger. Traditionnellement nomades, ils viennent avec leur famille et ce sont les femmes qui s'occupent de la vente des produits de pêche. Ils restent dans ces campements saisonniers durant quatre à six mois à la période propice de pêche avant de repartir à l'Est entre novembre et février lors de la raréfaction des poissons dans le lac avec la montée des eaux et de la période de pêche sur le Niger.

Dans les années 1990, une autre vague de pêcheurs s’est installée sur les pourtours du barrage de Sélingué. Il s’agit des pêcheurs maliens qui étaient installés en Côte d'Ivoire et qui ont quitté ce pays avec les exactions liées au concept d'ivoirité. Avec son début et ses corollaires de déboires à partir de 1993, ces pêcheurs maliens ont quitté la Côte d’Ivoire pour s’installer sur les rives du lac de Sélingué à partir de 1998.

Sur le lac du barrage de Sélingué se sont également développées des activités de riziculture et de cultures maraîchères. En effet et sous la forme du projet agricole Sankarani, 12.000 hectares de rizières et de bananeraies de même que des bassins de pisciculture ont été aménagés au profit surtout des populations ayant perdu leurs terres et habitations lors de la réalisation de ce barrage. Et depuis 2001, ce projet de production agricole au service du développement local est mis en œuvre. Il s’agit en fait des périmètres irrigués gérés par l’Office de Développement Rural de Sélingué. Et ce barrage est également utilisé pour la maîtrise des crues.

Nous sommes aujourd’hui, mardi, le 12 juillet 2022.

Que Dieu veuille et veille.

Que Allah nous garde et nous guide.

Texte : Hama Hamidou DICKO (texte basé en grande partie sur les recherches sur le Net)