Manantali : L’intégration à magnifier !!!
Manantali : L’intégration à magnifier !!!
Manantali ?! Ça vous dit ? Eh bien, Manantali est une ville sur la rivière Bafing dans la Région de Kayes, dans le Sud-Ouest du Mali. À l'est de la ville se trouve le lac Manantali et un barrage éponyme. Et c'est justement de ce barrage que je veux vous parler ici.
Construit en 1989 et situé sur la rivière Bafing à 90 km au Sud-Est de la ville de Bafoulabé, le barrage hydroélectrique de Manantali permet la production d’électricité et l’irrigation. La navigabilité du fleuve Sénégal entre Saint-Louis du Sénégal) et Ambidédi au Mali, qui figurait au nombre des objectifs initiaux du projet, n'a pas pu être réalisé pour le moment, même si selon certaines sources, des tests concluants y été effectués.
L'idée d’un barrage hydroélectrique sur le fleuve Sénégal remonte à la période de la colonisation et le concept du barrage hydroélectrique de Manantali remonte à 1927. Après les indépendances, le Sénégal, le Mali, la Mauritanie et la Guinée forment un comité inter-États pour développer un projet, structure qui devient l'Organisation des États riverains du fleuve Sénégal, disparue en 1968. Une nouvelle structure, l'OMVS, l'Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal est formée sans la participation de la Guinée en 1972.
Les installations de Manantali seront réalisées en deux temps. La construction du barrage sur le Bafing débute en juin 1982. Un consortium international, formé d'entreprises allemandes, sénégalaises et suisses est chargé de la réalisation des travaux de génie civil sous la supervision de Rhein Ruhr (RFA), Tractebel (Belgique) et Soned Afrique (Sénégal). Un certificat de réception provisoire est émis le 31 mai 1988. Le coût de la construction du barrage s'élève à 150 milliards de Francs CFA, financé par des fonds d'investissement du Golfe, des pays occidentaux, et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
Le conflit sénégalo-mauritanien de 1989-1991 y mettra un frein. Les travaux de terrassement en vue de la construction de la centrale hydroélectrique débutent en 1997. Le premier groupe entre en service le 21 juillet 2001.
Réalisé au coût de 246 milliards de Francs CFA ou 375,1 millions d'euros, le volet «Énergie» alimente dans un premier temps la capitale malienne, Bamako. Les villes de Dakar et de Nouakchott seront alimentées l'année suivante lors de la mise en service de la ligne à 225 kV reliant le projet de Manantali aux deux autres pays. Cette phase des travaux a été réalisée sous la supervision des bureaux d'étude Coyne et Bellier (France), Fichtner (Allemagne) et Tecsult (Québec, Canada). De 800 GWh annuels prévisionnels, la production annuelle moyenne vérifiée des premières années d'exploitation de la centrale se chiffre à 740 GWh par an.
D’une longueur de crête de 1.460 m et d’une hauteur de 65 m au-dessus de ses fondations le lac de retenue, à savoir le lac Manantali, couvre une superficie de 477 km2 et peut contenir un volume de 11 milliards de m3 d’eau à l'élévation maximale de 208 m. La profondeur moyenne du réservoir est de 20,8 m et atteint une valeur maximale de 50 m.
Une centrale hydroélectrique de 200 MW a été mise en service entre 2001 et 2002. Les 5 groupes turbines-alternateurs ont produit 381 GWh d'électricité en 2006, soit 43 % de la production nationale du Mali. L'électricité produite à Manantali est transportée à Bamako, à Dakar et à Nouakchott par un réseau de lignes à haute tension de 1.500 km. Les lignes sont équipées de câbles de garde à fibre optique (CGFO), ce qui a permis l'interconnexion des réseaux de télécommunications des trois pays. Le réseau, qui est relié au câble sous-marin trans-Atlantique, permet la transmission simultanée de 33.000 communications téléphoniques ou de 48 signaux de télévision. Il constitue un point nodal entre l'Afrique de l'Ouest et les autres parties du continent.
Et ce n’est pas tout puisque les projets d'aménagement des ouvrages hydrauliques de Manantali et de Diama insistent fortement sur les avantages en matière de régulation des débits du fleuve Sénégal et d'une productivité agricole accrue par le biais de l'irrigation. Le plan initial prévoit entre autres, l'irrigation sur une superficie de 250.000 ha, pouvant être portée à 375.000 ha, particulièrement au Sénégal et en Mauritanie. Toutefois et contrairement à ses deux voisins, le Mali ne dispose pas d'un potentiel important de terres irrigables sur les rives du fleuve Sénégal. Les seuls aménagements réalisés sont de petits périmètres irrigués villageois tel celui de la coopérative multifonctionnelle de Somankidi-Coura et qui fournit la ville de Kayes en fruits et en légumes par le fleuve.
La production d'électricité constitue pour le Mali le principal enjeu. La production électrique est répartie entre le Sénégal qui reçoit 33 %, la Mauritanie qui utilise 15 % et le Mali les 52 %.
Comme bémol, il faut mentionner avec les Nations unies que la construction des ouvrages de Manantali a eu des impacts négatifs sur l'environnement et les populations de la région. Les principales conséquences négatives sont le départ forcé de populations, l'essor de maladies hydriques causées par l'eau stagnante et la prolifération de moustiques ou la dégradation de l'eau de surface par l'eutrophisation. A cela s'ajoute la croissance de l'érosion à cause du déboisement en faveur des terres arables, ce qui abime et stérilise les terres irriguées.
Loin de ternir le tableau, ce bémol vient renforcer l’adage qui enseigne les deux facettes du développement. Et dans le cas précis du barrage de Manantali, les impacts positifs l’emportent de loin. Manantali, l’intégration à magnifier disais-je en introduction. Et c’est une conviction qui demeure.
Nous sommes aujourd’hui, lundi, le 11 juillet 2022.
Que Dieu veuille et veille.
Que Allah nous garde et nous guide.
Texte : Hama Hamidou DICKO (texte basé en grande partie sur les recherches sur le Net).
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