Le Persévérant

Assaliya et ……..ses quatre voleurs !!!

Un samedi, mois de janvier 2023, aux environs de 14 heures 30 minutes, un car s’immobilise à Gayol, en provenance de la centralité. Beaucoup de passagers embarquent, dont un certain Assaliya, un prénom d’emprunt. Il fera embarquer avec lui, beaucoup de moutons dans les coffres du véhicule. A l’intérieur du car, il n’y’avait même plus de places assises. Assaliya se verra interpellé en ces termes par un passager qu’il gênait un peu :

• Hé, toi, Monsieur, trouves-toi quelque part où t’asseoir.
• Je suis très fatigué Monsieur, j’ai passé dix jours à marcher à travers la brousse à la recherche de mes bêtes que je viens de retrouver à Gayol ici, lui rétorqua Assaliya.

Et à Assaliya de se mettre à narrer sa mésaventure qui, en fin de compte, s’est terminée par un sourire, un large sourire, aux lèvres.  Partout dans le car, ce sont des félicitations qui fusaient. « Al hamdila, Alhamdila, Alhamdila », entendait-on de partout. Ce à quoi, Assaliya répondait : « Franchement je rends grâce à Dieu. Dans le troupeau qui a été finalement saisi, j’ai même vu une dizaine de moutons d’un village de vers chez moi, Liarre ».

Fatigué mais pressé, était Assaliya. Fatigué de toutes ces journées de privation, mais pressé de renter à Ersè pour partager sa joie avec Ibrahim, Alhassane et Wellet, tous des prénoms d’emprunt. Mais comment tout cela a commencé ? Remontons le temps.

Nous sommes un jeudi, mois de janvier 2023. Ce jour-là et comme à l’accoutumée, Assaliya s’est réveillé de matin bonheur. Mais contrairement à ses habitudes, Assaliya se sentait d’une humeur maussade. Et pourtant il n’avait pas eu de démêlées avec Wellet, sa douce moitié. Encore moins avec Alhassane, son jeune cadet, ni avec Ibrahim, son père. Et tout Ersè connaît Assaliya pour sa bonne humeur. Plaisantin à tout va, il aimait taquiner et se faire taquiner. Malgré les courbatures des rudes tâches de la veille ou les torticolis infligés par son sommaire lit, Assaliya se réveillait toujours de bonne humeur. Mais qu’est-ce qui explique cette humeur massacrante de ce matin ? Ne trouvant pas de réponses immédiates et satisfaisantes, Assaliya décida de vaquer à ses occupations, en attendant que cette vague à l’âme lui passât.

Après avoir courbé ses deux rakats, Assaliya hésita à réveiller Wellet, question de lui apprêter sa bouillie assaisonnée au lait et au beurre, son régal, certes frugal, mais très nourricier. Souvent il s’en contentait toute la journée. Mais comme mu par une force surnaturelle, il se dirigea immédiatement vers son enclos à quelques pas de là et qui contient l’essentiel de son cheptel constitué d’ovins et de quelques caprins. Là, surprise. Désagréable surprise. En effet, contrairement à ses attentes, Assaliya ne trouvera que les quelques chèvres qu’il possède et qui pour la majorité appartiennent à Wellet. Mais où sont passées ses belles brebis ? Sans oublier son bélier, meneur de bêtes ?!

Passé l’instant de surprise, Assaliya se mit à réaliser ce qui lui arrivait. Ses moutons sont perdus, volatilisés. Et pourtant, ils connaissaient très bien la brousse de Ersè, ses moutons. A plusieurs reprises, après les récoltes, ils sont, allés et revenir tout seuls, au et du pâturage, sous la conduite du bélier patriarche de l’enclos. Assaliya resta un instant à réfléchir à ce qu’il fallait faire. Un ange passa. L’observant depuis un moment, Ibrahim, son père, l’interpella en ces termes :

• Assaliya, que se passe-t-il ? Qu’as-tu à rester pensif et évasif devant l’enclos ?

Et Assaliya de le mettre au courant de la terrible découverte matinale. Séance tenante, décision fut prise de chercher partout et par tous les moyens les moutons familiaux au nombre de seize. Assaliya et Alhassane battirent la campagne alentour. Rien n’y fit.

Un mercredi, mois de janvier 2023, décision fut prise à l’unanimité que Assaliya et Alhassane se mettent en route vers Ordi, situé plus au Sud, question de sonder son marché de bestioles, d’ailleurs très achalandé. Décision aussitôt mise en application, très tôt le jeudi, mois de janvier 2023. Toute la journée de jeudi, Alhassane et Assaliya battirent, séparément la brousse, question d’augmenter leurs chances de retrouver le troupeau familial. Rien. Et comme convenu, le jeudi soir, ils se retrouvèrent au grand marché de Ordi. Après avoir jeté un coup d’œil, vain, dans les petits marchés des quartiers, ils mirent le cap sur le site du marché à bétails qui se tenait le lendemain.

Là, Assaliya et Alhassane dormiront pour attendre le lendemain. Et effectivement le marché battit son plein, comme d’habitude. Mais des moutons de Assaliya, rien ; aucune nouvelle. Découragés, ils décidèrent de renter à Ersè. Mis au courant, Ibrahim, leur papa, ordonna à Assaliya de pousser jusqu’à Gayol. Ce qu’il fit, le lendemain matin.

Gayol est situé à environ une cinquante de kilomètres au Sud de Ordi. Pot de chance pour Assaliya, c’était jour de marché à Gayol ; un marché qui se tient un jour sur trois. Aussitôt arrivé, Assaliya, sans perdre de temps, se dirigea vers le marché à bétails, situé hors de la ville. Et là, à ses grandes, joie et surprise, Assaliya verra deux de ses moutons. Sans hésiter, il les pointera du doigt et dira : « Ceux-là, ce sont mes moutons !!! »

Un attroupement se forma. Et comme de plus en plus les marchés à bétails sont organisés avec des responsables bien définis, ceux-ci se chargeront rapidement de la question. Celui qui avait conduit les deux bêtes au marché fut appréhendé et il mena le groupe, y compris Assaliya, à Odjémè, un peu plus au Sud-Est de Gayol où étaient en attente ses autres complices, avec d’autres bêtes. Là, Assaliya retrouvera onze de ses seize moutons. Les cinq manquants ont été rôtis pour certains pour servir de repas ou vendus pour d’autres.

Après avoir récupéré ses bêtes, Assaliya dit ne plus s’être intéressé à la suite du sort réservé à ……ses quatre voleurs ; surtout qu’il avait du chemin à parcourir pour rejoindre son Ersè natal.

Nous sommes aujourd’hui, lundi, le 30 janvier 2023.

Que Dieu veuille et veille ; Que Allah nous garde et nous guide.

                    Texte adapté : Hama Hamidou DICKO