Education dans le Sahel: Massifigui, si proche, si loin.
EDUCATION DANS LE SAHEL.
Massifigui, si proche, si loin.
Le Gouvernement Paul Kaba Thiéba s’apprête à «injecter» du personnel dans le secteur de l’éducation nationale par le recrutement «massif» des détenteurs de Bac + 2 et autres. C’est une bonne idée à priori. Mais il serait également judicieux de se pencher sur les conditions de vie et de travail de ceux et celles qui sont déjà sur le terrain en train d’abattre des travaux de Sisyphe. A défaut d’émouvoir nos «braves décideurs», cet écrit aura peut-être, au moins, le mérite de préparer psychologiquement, les futurs acteurs du terrain. Constatez les choses avec nous.
Massifigui. Ce nom vous dit quelque chose? Peut-être oui. Peut-être non. Sûrement non. Eh bien ! Massifigui, se trouve à 15 km de Tin Akoff. Peut-être que Tin Akoff aussi ne vous dit rien. Tin Akoff est à 75 km de Gorom-Gorom, dans la province de l’Oudalan. Massifigui a une école de trois classes avec trois enseignants, dont une femme. Sou Benjamin Sanou, en est le Directeur. Il nous parle de son école : «Massifigui a 40 garçons et 34 filles, soit un effectif de 74 élèves cette année scolaire. A Massifigui, nous rencontrons d’énormes difficultés, surtout du côté de la fréquentation des élèves. Cela est dû à un problème politique. C’est le MPP et l’UBN qui se partagent le village. Ceux de l’UBN refusent d’envoyer leurs enfants à l’école car disent-il, cette école appartient à ceux du MPP». Poursuivant ses explications, Sou Benjamin Sanou nous fera savoir que l’école de Massifigui est ouverte depuis 2005 et a déjà engrangé ses premiers certifiés. Depuis Octobre 2015, c’est M. Sanou qui dirige cette école multi-gradée du CP1 au CM2. «Nous avons un sérieux problème d’eau et le Directeur que je suis n’a même pas de logement» nous narra-t-il, l’air dépité. Les deux logements disponibles ne sont pas en bon état. Donc, «nous souhaitons disposer de logements en bonne et due forme, de l’eau et bénéficier de la sensibilisation auprès des parents, de la part de l’Etat» s’est exprimé le Directeur Sanou. En plus de ces difficultés, l’école reste complètement inaccessible. Et cette situation, nous l’avons expérimentée. Et d’ailleurs cet enclavement est facile à vérifier pour qui décide de se rendre à Masifigui. Pour preuves, Sou Benjamin Sanou n’a reçu qu’une seule visite de son inspecteur basé à Tin Akoff. «Cette année mon inspecteur viendra à l’école car je suis candidat à la pratique du certificat d’aptitude pédagogique» s’est convaincu M. Sanou. Malgré toute la situation qui pèse sur lui, Sou Benjamin Sanou ne se décourage pas. La cour de l’école est propre, très propre même par rapport à certaines écoles urbaines. Des lave-mains bien disposées et propres. Un seul coup d’œil vous suffit pour savoir que l’école est bien entretenue, dans son ensemble. Comme mât de drapeau, c’est une branche d’arbre qui en fait office. M. Sanou nous explique : «Quand nous sommes arrivés, il n’y’avait pas de drapeau. On a beaucoup cherché. On voulait même un tuyau de pompe pour servir de mât, mais avec l’aide des élèves, nous avons pu trouver cette branche qui nous sert finalement de mât.» Originaire de Bobo-Dioulasso, Sou Benjamin Sanou dit rentrer dans sa ville natale à chaque congé scolaire. «C’est très difficile, mais je me débrouille quand même. Que je quitte Massifigui pour Bobo-Dioulasso ou Bobo-Dioulasso pour Massifigui, je fais chaque fois deux jours sur la route. Côté finances, je dépense au minimum 20.000 FCFA pour un seul voyage. Donc l’aller-retour me coûte au bas mot, 40.000 FCFA. Ce n’est vraiment pas facile». Pas facile, vraiment M. Sanou. Cette année, l’école de Massifigui à plusieurs candidats. Des élèves qui affrontent le Certificat d’Etudes Primaires (CEP) et le Directeur qui doit passer la pratique pour le Certificat d’Aptitude Pédagogique (CAP). Beaucoup du courage et bonne chance à eux. Mais franchement, l’Etat doit jouer sa partition. C’est facile, très facile de rester dans des bureaux feutrés pour discourir. Mais c’est encore mieux d’agir. C’est notre conviction. Et c’est de l’avenir du Burkina Faso dont il s’agit. A moins qu’on nous dise que les propos disant «L’éducation est le fer de lance d’un pays» ne sont que du pipeau. Juste pour des nigauds. Espérons que ce n’est pas le cas. C’est en tout cas notre souhait.
Le Burkina Faso, il est un et unique.
Dieu bénisse l’humanité.
Hama Hamidou DICKO
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