Déficit céréalier au Burkina Faso: S.O.S pour la Kossi, Province considérée comme excédentaire en productions céréalières cette année.
S�il ya un sujet qui préoocupe la majorité des Burkinabè cette année, c�est bien la famine qui menace les populations. Et pour cause, ce serait un truisme que de dire que la saison agricole a été catastrophique cette année.Cette préoccupation est partagée par même les plus hautes autorités du pays qui ont pris un ensemble de mesures pour faire face à la situation qui se présente. Au nombre des initiatives, on peut citer l�achat des céréales dans des zones considérées comme excédentaires en vue de les revendre à des prix sociaux dans les zones déficitaires. En effet, si dans beaucoup de localités la population n�a pas récolté grand-chose, il n�en va pas de même dans toutes les provinces. D�ailleurs, certaines provinces ont même été considérées comme excédentaires au niveau de la production céréalière. C�est justement le cas de la Kossi. Mais là où le bât blesse, c�est la cherté des denrées céréalières sur les marchés à Nouna. Pour mieux nous imprégner de la situation, nous sommes allés à la rencontre des acteurs locaux du domaine. Voici le constat fait sur le terrain, le Samedi 18 Février 2012.
Notre premier interlocuteur fut Monsieur Sanoussa KORBEOGO, acheteur et revendeur des céréales. « Cette année, c�est vraiment dur » nous a-t-il confié avant d�ajouter « j�ai décidé de me consacrer à l�achat et à la revente du sésame pour ce qui concerne cette année ».
Sans trop tarder, nous nous sommes rendus chez Madame NACRO née Maimouna DIAKITE qui officie aussi dans l�achat-revente des céréales à Nouna. « Nous achetons la boîte de Tomato Salsa (NDLR : C�est la boîte communément appélée Garibou Gongo en Dioula ou ALLAH Pamoorè en Mooré) du sorgho et du Maîs à 275FCFA et nous la revendons à 300FCFA. Pour le petit mil, nous achetons la boîte à 300FCFA et nous la revendons à 325FCFA. Nous achetons le sac de 100kg en gros entre 16.500FCFA et 17.000FCFA et le revendons en gros entre 18.000FCFA et 18.500FCFA. » A la question de savoir son opinion quant au classement de la Kossi dans le lot des provinces excédentaires, Madame NACRO dit ne rien comprendre. En effet « l�année dernière, à la même date, nous revendions la boîte Garibou Gongo à 200FCFA. Mais cette année, la boîte coûte 325FCFA si vous prenez le petit mil. Dire que la Kossi est excédentaire est incompréhensible. La saison n�a pas du tout été bonne ici cette année» nous a-t-elle confié.
C�est à peu de choses près, les mêmes propos que nous a tenus Fanta GNINASSE qui nous a confié que «durant mes 30 ans d�activités d�achat et de revente des céréales, je n�ai jamais vécu une année comme cette année.Il fut une année où j�ai achété la boîte à 125FCFA pour la revendre à 150FCFA. Il y�a aussi eu une année où les prix ont flambé mais cela n�avait pas atteint l�ampleur de cette année.L�année dernière à la même période, je revendais la boîte Garibou Gongo à 200FCFA. Cette année, la saison n�a pas été bonne ». Fanta GNINASSE relativise le classement de la Kossi parmi les provinces excédentaires. « C�est vrai que la saison n�a pas été bonne chez nous aussi, mais nous valons mieux que certaines zones du pays. Quand tu es rassasié et que ton voisin ou ton prochain se couche le ventre vide, il faut te dire que tu n�es pas rassasié ou du moins, tu ne fais pas honneur à la race humaine qui doit s�entre aider » nous a-t-elle dit. Fanta GNINASSE nous a confié n�avoir jamais excédé la somme de 25FCFA comme bénéfice sur chaque boîte. « J�ajoute juste 25FCFA sur chaque boîte pour me permettre de faire face aux dépenses liées à la location du magasin, aux taxes et autres problèmes liés à la vie courante » nous a-t-elle laissé entendre. Un acheteur rencontré sur les lieux et qui a demandé l�anonymat demande surtout à l�Etat de faire quelque chose pour soulager un tant soit peu, les chefs des familles qui commencent déjà à s�essouffler alors que la saison sèche ne fait que commencer. « Nous ne sommes même pas à la vraie période de soudure d�abord et les prix ont déjà atteint ce niveau » nous a-t-il lancé, tout désemparé.
Approché pour comprendre le mécanisme qui a conduit le classement de la Kossi parmi les provinces excédéntaires, le Directeur Provincial de l�Agriculture et de l�Hydraulique de la Kossi, Monsieur Mamadou Gaston FANKANI, nous a promis de nous recontacter pour nous donner toutes les statistiques nécessaires. « Mais le terme d�excédentaire doit tout de même être relativisé » nous a-t-il confié.
Pendant notre reportage, nous nous sommes approchés de la représentation des Etablissements VELEGDA à Nouna. « Pour le moment, nous achetons uniquement le sésame » nous a confié Gérard TAMALGO, le responsable local.
« Je suis né dans les activités d�achat-revente des céréales, mais ce n�est qu�en 1998 c�est-à -dire, il y�a 14 ans de cela, que j�ai commencé personnellement à mener cette activité. » Ces propos sont ceux de Monsieur Hamidou OUEDRAOGO, l�un des incontournables dans ce domaine à Nouna. Pour Monsieur OUEDRAOGO, le problème des céréales à Nouna ne se pose pas en termes de disponibilité, mais le vrai problème selon lui, ce sont les spéculateurs. «Nous, nous achetons le mil pour le revendre aux consommateurs à un prix raisonnable. Mais les spéculateurs se mêlent et enchérissent les prix sur les marchés. Actuellement, beaucoup préfèrent aller vendre leurs céréales à Djibasso où les Maliens, aidés des spéculateurs locaux font monter les prix. Ce qui fait qu�actuellement, le sac de 100kg de sorgho coùte 18.000FCFA et le sac de 100Kg du petit mil coûte 20.000FCFA » nous a narré Monsieur OUEDRAOGO. Pour Monsieur Hamidou OUEDRAOGO, « on peut dire que la Kossi est excédentaire, mais cet excédent ne profite pas du tout aux populations locales du fait des spéculateurs». Monsieur OUEDRAOGO dit n�avoir jamais vu une année pareille. « Il fut une année où les prix ont flambé, mais c�était carrément vers le début de la saison des pluies. Mais cette année, à peine les recoltes finies, les prix ont déjà grimpé » nous a-t-il lancé.
Ces différents prix avancés par les revendeurs ont justement été corroborés par Monsieur Abassoué NACRO de Afrique Verte-APROSSA (Association pour la Promotion de la Sécurité et de la Souveraineté Alimentaire) qui est une structure qui collecte et fait une base de données des prix des céréales et autres oléagineux dans une plate-forme qui est d�ailleurs visible sur le net. Pour Monsieur NACRO, c�est incompréhensible de déclarer que la Kossi est excédentaire en matière de producutions céréalières cette année. «Les gens dans les villages sont entrain de déserter les centres d�alphabétisation à la recherche de la nourriture et on nous parle d�excédent céréalier. Tout de même.» nous a dit Monsieur NACRO, l�air remonté.
Mais quelles sont les difficultés liées à l�activité d�achat-revente des céréales à Nouna ?
A ce niveau, les expériences n�étant pas les mêmes, les souhaits divergent. Si Madame Maimouna NACRO/DIAKITE parle du ravitaillement, Fanta GNINASSE demande plutôt de l�aide dans la structuration du domaine. Toutes les deux ont reconnu les efforts fournis par les services des impôts qui leur permettent maintenant de s�acquitter des taxes en trois tranches. « N�empêche, qu�on nous soutienne toujours pour le bien-être commun » a sollicité Fanta GNINASSE. Monsieur OUEDRAOGO quant à lui, fustigie ce qu�il qualifie de situation anormale. En effet, « on ne peut pas comprendre qu�on prenne toujours des gens mettre à la tête des différentes filières et/ou foires : Fonio, Sésame, Petit Mil etc, et ce, sans s�assurer de leur amour pour la chose. Ce n�est pas surprenant si beauccoup de ces foires et/filières peinent à démarrer ou à s�imposer. Nous demandons à l�Etat de composer avec des gens qui savent ce qu�ils font, qui aiment les domaines dans lesquels ils interviennent. Je ne dis pas que tous ceux ou toutes celles qui sont au devant de nos différentes filières et/ou foires ne font pas leur travail, mais j�avoue qu�il ya beaucoup de choses à revoir » a-t-il conclu.
Que retenir à la fin de ce reportage ? Tout d�abord dire aux uns et aux autres que nous n�avons fait que tirer la sonnette d�alarme sur la situation des prix des céréales dans la Kossi. Ensuite, dire que la situation est vraiment préoccupante du moment où déjà les prix culminent à des sommets inaccessibles pour la majorité des bourses. En fin, interpeller l�Etat et tous les autres décideurs pour tenir compte (si cela n�était pas prévu), des provinces dites excédentaires dans la revente des céréales à prix social, notamment la Kossi. D�autre part, jusqu�à la date d�aujourd�hui,Mercredi 22 Février 2012, nous n�avons toujours pas été recontacté par la Direction Provinciale de l�Agriculture et de l�Hydraulique qui nous avait promis de nous recontacter depuis le Samedi 18 Février 2012, jour du reportage, pour mettre à notre disposition, les statistiques à mêmes de nous permettre de comprendre le pourquoi du classement de la Kossi parmi les provinces excédentaires en termes de productions céréalières pour la saison écoulée.
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