La Maison d'Arrêt et de Correction de Nouna inondée
SAISON HIVERNALE DANS LA KOSSI.
La maison d’arrêt et de correction de Nouna est devenue une île inacessible.
Après un démarrage assez difficile et inquiétant, la saison hivernale bat son plein actuellement dans la Kossi. Et comme à l’accoutumée, cette saison, au-delà de ses bienfaits, s’est installée avec beaucoup de désagrements pour certains. C’est le cas de la maison d’arrêt et de correction de Nouna qui est actuellement complètement coupée de la ville. Y accéder rélève d’un parcours de combattant. Nous y avons fait un tour ce Mardi 27 Août 2013. Lisez plutôt.
Dur, très dur d’accéder à la maison d’arrêt et de correction de Nouna. Nous nous en sommes rendu compte lorsque nous avons voulu y faire un tour ce matin du Mardi 27 Août 2013. Déjà à 500m des lieux, Moussa Zida, un riverain nous a interpelés en ces termes : «Si c’est à la maison d’arrêt que vous comptez vous rendre, je vous préviens que ce ne sera pas du tout facile Mr Dicko!!! Ou bien si vous y tenez, je vous conseille de laisser votre motocyclette au Palais de Justice». Sage conseil auquel nous avons été obligés de nous plier plus tard. En effet, à 08h25, lorsque nous sommes arrivés au Tribunal de Grande Instance de Nouna, nous avons été chaleureusement accueillis par l’Assistant GSP, Abdoulaye Bamogo pour qui nous étions là pour assister à une audience. Lorsque nous lui avons décliné l’objet de notre présence, il nous a répondu sans ambages : «Ah là, ce ne sera pas du tout facile pour vous !!!». Qu’à cela ne tienne, nous avons tout de même tenu à y aller. C’est à ce moment précis qu’est arrivé le Contrôleur de Garde de Sécurité Pénitentiaire, Norbert S. Sandwidi qui s’est proposé de nous y accompagner mais à pieds. Effectivement, la traversée n’a pas été du tout facile. Distante du Palais de Justice de Nouna d’environs 400m, la maison d’arrêt et de correction est complètement isolée et entourée d’eau à l’image d’une île. Sur la rue qui y mène, le Contrôleur GSP Sandwidi nous montre les traces du véhicule d’une mission de contrôle qui s’était embourbé il y’avait deux jours de cela et dont il a fallu recourrir à un tracteur pour le tirer d’affaire. 15 minutes plus tard et au bout de maints efforts, nous avons fini par atteindre ce qu’il convient désormais d’appeler «l’île de la maison d’arrêt et de correction de Nouna». Ces efforts que nous avons fournis pour y accéder, le petit Mady Sidibé les a aussi fournis, lui qui a dû batailler ferme avec ses deux camarades pour venir donner du repas à leurs parents déténus dans les locaux de cette maison. Si pour le Contrôleur GSP Norbert S. Sandwidi l’accès de la maison d’arrêtet de correction de Nouna est devenu «la croix et la bannière», pour son collègue, le Contrôleur GSP Narcisse Tinto, intendant de ladite structure, c’est une véritable perte en termes d’entrées financières pour le moulin de la maison. En effet, «l’accès difficile dissuade beaucoup de personnes de venir faire moudre leurs céréales à notre moulin, toute chose qui nous fait perdre en termes d’entrées financières» nous a-t-il expliqué. Autre conséquences, le petit jardin potager des déténus et la cuisine sont presque submergés. L’Assistant Yirbékian Wilfried Armel Dabiré, qui était le responsable du poste de police d’entrée à la maison d’arrêt et de correction de Nouna ce matin nous a confié que «tous les jours je suis obligé d’abandonner ma moto au Palais de Justice à 400 mètres de là et de me débrouiller pour atteindre la maison d’arrêt et de correction. Une fois arrivé, je suis obligé d’enléver mes rangers et me chausser de bottes pour pouvoir travailler». Des bottes, l’Assistant Sylvain Kaboré en portait, toute chose qui corrobore les dires de son collègue Dabiré. Après une demi-heure d’attente et suite au coup du fil du Contrôleur GSP Sandwidi, le régisseur de la maison d’arrêt et de correction de Nouna, l’Inspecteur Lassina Coulibaly nous a rejoints. Pour lui, l’isolement de sa strucutre, «tout un service de l’Etat», est vraiment déplorable. Au-delà de l’abattement moral que cette situation crée au niveau des travailleurs y affectés, cet isolement et cet encerclement par l’eau de sa structure impactent négativement sur l’une de leurs missions essentielles, à savoir la réinsertion sociale. «L’une de nos activités importantes, c’est la réinsertion sociale des déténus à travers les visites que leur rendent leurs parents. Mais cette situation d’inacessibilité de la maison d’arrêt et de correction de Nouna rend difficile, voire impossible cette mission de réinsertion sociale du moment où les parents ont d’énormes difficultés pour accéder à la maison d’arrêt et de correction et pouvoir voir leurs parents déténus» a-t-il lâché d’un trait, l’air dépité. La maison d’arrêt et de correction de Nouna n’est pas qu’entourée d’eau. On pourrait même dire qu’elle est inondée. En effet, pour nous permettre de voir les réalités de sa structure, l’Inspecteur GSP Coulibaly et le Contrôleur GSP Sandwidi nous ont fait visiter l’interieur de la cour du bloc administratif et l’interieur de la cour du bloc de la détention. «C’est un véritable lac que nous avons ici» nous a avertis auparavant, l’Inspecteur Coulibaly. Déroulant son explication, il nous fera savoir qu’au-delà du problème sanitaire tel le paludisme et autres maladies liées à l’eau, il ya même un problème sécuritaire. En fait, pour attenuer les effets de l’eau, toute les deux cours sont jonchées de gravats de ciment et autres agrégats de construction. «Imaginez-vous en cas de mutinérie ou d’un incident quelconque, ces gravats et autres agrégats constituent des véritables armes pour les déténus» nous ont-ils avoué. Sensible à cette situation, le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Nouna, Barnabé Compaoré avait approché le groupement d’entreprises SOROUBAT - ATP SA pour leur frayer une voie plus praticable mais jusque-là, c’est le statu quo nous ont fait savoir nos guides d’une matinée. Cette situation difficilement tenable à conduit l’Inspecteur GSP Lassina Coulibaly et le Contrôleur GSP Norbert S. Sandwidi, au nom de leurs collègues de services,mais aussi au nom de toute la population, à lancer un cri de cœur, voire un cri d’alarme, au Ministère des Infracstrutures et du Désenclavement pour qu’il puisse «se pencher sur notre cas pour nous permettre d’avoir ne serait-ce qu’une brettelle d’accès à notre service, un service étatique, toute chose qui faciliterait l’accès de la maison d’arrêt et de correction de Nouna, à toute la population qui nous rend visite pour des raisons diverses». Espérons que leur supplique rencontrera d’échos favorables. En attendant, et pour paraphraser le Contrôleur GSP Norbert S.Sandwidi, c’est vraiment la croix et bannière pour accéder à la maison d’arrêt et de correction de Nouna.
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