La responsabilité politique de la France dans la mort de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon à Kidal,dans le Nord-Mali.
ASSASSINAT DE GHISLAINE DUPONT ET DE CLAUDE VERLON A KIDAL.
Quand l’incohérence et l’incohérente politiques de Paris nous plongent dans l’irréparable.
Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Voici deux voix de Radio France Internationale (RFI) qui se sont éteintes à jamais. Mais voici aussi des noms dont tous les auditeurs et toutes les auditrices de RFI se souviendront pour toujours. Et pour cause, ces deux éminents journalistes étaient des immenses talents et cela a été reconnu par tout le monde et à travers le monde. On ne les entendra plus et on ne les verra plus parce que tout simplement un esprit nihiliste doublé des visées matérialistes a décidé de stopper cette belle aventure humaine qu’est d’informer ses semblables et aventure à laquelle se livraient ces deux journalistes. En effet, ce Samedi 02 Novembre 2013, certainement une prise d’otages qui a mal tourné a conduit aux lâches assassinats de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon. Depuis lors, des voix ne cessent de s’élever à travers le monde pour condamner cet acte ignoble et hautement condamnable. Nous l’avons condamné, nous le condamnons et nous le condamnerons jusqu’au bout. Nous sommes d’ailleurs parmis ces célébrités et ces personnes anonymes à avoir adressé nos condoléances les plus attristées et nos hommages à toute la famille RFI.
Passé ce cap, nous sommes en droit - car c’était nos journalistes, à nous autres auditeurs et auditrices - de nous interroger sur les responsabilités, morale et surtout politique de cette tragédie. Pour nous, le premier, sinon l’unique responsable politique de la mort de nos deux chers régretés n’est autre que leur mère patrie, la France. Pourquoi disons cela? Pourquoi accusons-nous la France?
Avant de répondre à cette question, remontons un peu le cours de l’histoire pour rappeler la décision unilatérale du Mouvement National de Libération de l’Azawad de scinder le légendaire, unique et laïc Mali en des petits Etats balcanisés. Mus par des visées honteusement pécuniaires, ils se sont abrités derrière le concept non moins brumeux, désuet et irréaliste d’irrédendisme pour réclamer un Etat à leur nom. Sans tenir compte des autres peuples qui y vivaient, nos fameux Touaregs ont pris les armes et ont entamé leur déferlèment sur le Sud. Les atrocités ignobles et injustifiables d’Aguél’hoc sont passées par là entretemps. L’appetit venant en mangeant, nos irrédentistes s’associèrent à des soit disant Islamistes et à des Djihadistes de tout poil et de tout bord. L’armée malienne, mal équipée, sous payée et démotivée – donc désarmée - n’a pas fait le poids face à ces adversaires qui rivaliseraient d’avec une armée Texane en arméments. Pendant ce temps, la fameuse CEDEAO, la Communauté Economique Des Etats de l’Afroique de l’Ouest se pavanait de rencontres en conciliabules. Il a fallut le légendaire courage de la France de François Georges Gérard Hollande et la non moins témérité des frères Tchadiens d’Idrisse Déby Itno pour stopper ces illuminés et sauver l’Afrique de l’Ouest toute entière. Doublant, voire triplant la vitesse avec laquelle les villes du Sud du Mali avaient été conquises, les troupes françaises de l’Opération Serval et leurs homologues du Tchad, ont vite repris, une à une, toutes les villes conquises. Jusque-là, pas de problèmes, du moins en apparence.
Mais là où les choses commencèrent à se gâter, c’est lorsque cette fabuleuses chevauchée a atteint les portes de la mythique, voire mystique ville de Kidal. A la grande stupéfaction générale, la grande France, mue par on ne sait quelle volonté, décida de stopper tout le monde. Et on a repris de parler du MNLA, de l’Azawad et consorts. Le MNLA qui se cherchait - comme on le dit par ici – s’est senti pousser des ailes et a commencé à poser des jalons et des conditions pour la libération de Kidal et de tout le Nord Mali avec. Cette attitude a été vécue comme une insulte, voire une offense par bon nombre de proches ou de simples observateurs de la scène malienne. Avec l’aide d’Ouagadougou, le MNLA qui était complètement mort s’est tout de suite remis en selle. C’est la mort dans l’âme que les Maliens ont signé le fameux accord d’Ouagadougou. C’est la dignité enfouie au tréfonds d’eux-mêmes que les mêmes Maliens ont élu leur Président, Ibrahim Boubacar Kéïta dit IBK et ce, sans un contrôle total sur Kidal. Un véritable anachronisme s’il en est. C’est fort de toutes ces carresses dans le sens du poil que le fameux MNLA que n’a d’existence que de nom, a décidé de mettre Kidal sous coupe réglée. Mais il ne suffisait pas de contrôler Kidal pour avoir les moyens financiers nécessaires à sa gouvernance. Dieu ou le hasard - c’est selon – faisant donc les choses, quatre (04) otages Français à savoir Thérry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Le Grand venaient d’être libérés. La main sur le cœur, les officiels Français ont juré n’avoir pas payé de rançon. Mais une source nigérienne a avancé une faramineuse somme comprise entre 20 et 25 millions d’Euros. Info? Intox? Qui croire? Où se situe la vérité? L’Histoire nous le dira un jour.Ce qui est sûr, et en attendant, cette situation fortuite a aiguisé d’autres appétits. Et voilà le résultat aujourd’hui. Pour n’avoir pas été cohérente dans sa politique en intervenant au Nord Mali, la France nous plonge aujourd’hui, toutes et tous, dans la désolation. Nous sommes toutes et tous consternés et abasourdis par ce qui vient d’arriver aux deux talentueux journalistes de RFI. Pour nous, mêmes si les responsabilités sécuritaires, morales et sociales restent à définir, la responsabilité politique du lâche assassinat de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon incombe entièrement et uniquement à la France. Ce qui est arrivé, est malheureux et condamnable et au risque de nous répéter, nous disons que nous l’avons condamné, nous le condamnons et nous le condamnerons. Espérons que la France sera un peu plus cohérente sur d’autres terrains et/ou en d’autres circonstances car comme l’a si bien dit Anne Nivat, grand reporter indépendante, «s’il n’ya plus de journalistes sur le terrain, il n’ya plus d’information mais une simple communication car les nouvelles ne viendront que des militaires ou des insurgés». C’est de l’information et non de la simple communication dont nous avons besoin. Et pour ce faire, il faut que les soldats de la plume, du clavier, du micro et de la caméra restent en vie. En un mot comme en mille, nous disons haut et fort, «plus jamais de mort de journalistes, plus jamais de mort d’innocentes victimes. Plus jamais ça !!!»
Reposez en paix Ghislaine et Claude et que votre mort ne reste pas impunie. Que votre sacrifice ne soit pas vain.
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