Un garde de prisonniers en prison à Nouna.
AFFAIRE DU GARDE DE SECURITE PENITENTIAIRE DE NOUNA.
3 mois fermes et 75.000 FCFAF d’amendes requis contre Siaka Simboro et l’agent de Garde de Sécurité Pénitentiaire, Ignace Fatogoma Millogo.
L’affaire qui a fait grand bruit à Nouna et certainement dans le monde pénitentiaire ces temps-ci est passée au rôle du Tribunal de Grande Instance de Nouna. En effet, Siaka Simboro et Ignace Fatogoma Millogo, accusés respectivement de port illégal d’uniforme, d’usurpation de fonction et de chantages pour le premier cité et de complicité de port illégal d’uniforme, d’usurpation de fonction et de chantages pour le second, sont passés ce mardi 02 juillet 2013 devant une cour composée du président Aristide Kohio et le représentant du Ministère public, le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Nouna, Barnabé Compaoré.
C’est dans une salle pleine à craquer que l’audience criminelle de ce mardi 02 juillet 2013 du Tribunal de Grande Instance de Nouna s’est tenue. Et pour cause, tout le monde ou presque voulait être témoin de l’affaire dite du GSP de Nouna. Avant d’aller loin, il faut préciser ici que le GSP en question a comparu comme complice et non le principal instigateur. Du moins, c’est ce que nous avons pu constater en jetant un coup d’œil sur le tableau de bord du palais de Nouna où étaient inscrits les délibérés et les différents dossiers au rôle du jour. Avant d’accéder à la salle des audiences, un GSP vous demande d’éteindre vos portables et d’enlever vos lunettes. Pour les portables, l’explication est vite trouvée. On parlera de dérangement s’il advenait qu’un portable se mette à sonner. Mais pour les lunettes? Et pourtant lui-même portait les siennes. Bref, passons. Il était 08h31 minutes lorsque le Président Kohio et le Procureur du Faso près le TGI de Nouna, Barnabé Compaoré ont fait leur entrée dans la salle. Pas d’observations particulières a laissé entendre le Procureur et ce, après que le Président le lui ait demandé. Les audiences pouvaient donc commencer. Après quelques délibérés, le tribunal s’est attaqué aux dossiers du jour. Là le procureur s’est emporté contre un prévenu qui s’entêtait à nier des appels téléphoniques qu’il aurait commis malgré le relevé des appels fournis par le serveur de l’ONATEL. «Ton wack et ton marabout ne connaissent rien par rapport à l’ordinateur» lui a-t-il lancé. Toujours dans cette affaire de bœuf volé et tué, un témoin a fait rire le public en jurant «au nom de Dieu» de dire toute la vérité. Pendant ces audiences, le Procureur s’est fait pédagogue en donnant beaucoup de conseils à la population. En effet, «souvent on est contraint de manger ce qu’on ne veut pas. Je vous demande d’aider la police judiciaire à faire son travail. Ceux qui aiment dire amenez-moi où vous voulez, n’hésitez pas à nous les amenez. Nous sommes là pour vous» a-t-il spécifié au public. Durant ces audiences, deux autres faits ont retenu l’attention à des degrés divers. Le premier fait est de cet agent de sécurité en civil qui a failli s’asseoir sur le banc des accusés avant de s’en rendre compte et de se raviser. Ce fait est-il dû au fait que son collègue y était du fait des faits qui lui sont reprochés? Nous ne saurons le dire. Le second fait qui a attiré l’attention du public, c’est l’outrecuidance de ce prévenu, qui non seulement a ouvertement dit qu’il n’est pas d’accord avec le Procureur mais qui a poussé plus loin en menaçant publiquement avec des gestes de la main, sa victime d’abus de confiance qui l’avait conduit devant ce tribunal où il a écopé de 12 mois fermes de prison et de 230.000 FCFA d’amende. Le Procureur Compaoré était obligé d’élever le ton pour le rappeler à l’ordre et a mis à profit cette situation pour demander à la population d’éviter de se rendre soi-même justice. Il était 10h44 minutes lorsque le dossier tant attendu a été abordé. En rappel, ce dossier concerne l’agent de Garde de Sécurité Pénitentiaire, Ignace Fatogoma Millogo et Siaka Simboro, un natif de Nouna et vendeur de kiosque de son état. Il leur est reproché d’avoir illégalement porté un uniforme, d’avoir usurpé d’une fonction et d’avoir opérer des chantages. Les faits remontent au mois de juin 2013 où ils se sont rendus à trois reprises dans le village de Sokoro, situé à une quinzaine de kilomètres au Nord de Nouna pour extorquer à trois boutiquiers différents, des sommes respectives de 20.000 FCFA, de 2.500 FCFA et de 25.000 FCFA. La volaille n’a pas échappé à leur «razzia» selon les termes du Procureur Compaoré. En effet, les deux compères ont prélevé un poulet dans la basse-cour d’un des boutiquiers. Mais comment se prenaient-ils pour opérer? C’est simple. Avec les tenues militaires du GSP, ils se faisaient passer pour des contrôleurs de produits prohibés ou fraudés. Ils menaçaient les dépositaires de les saisir au cas où ces derniers ne consentaient pas à payer de l’argent en contrepartie. Et chaque fois, c’est la nuit qu’ils se rendaient dans ce village. C’est finalement à leur troisième passage que le conseiller du village s’est plaint qu’une autorité vienne opérer des saisies d’argent dans son village sans qu’il ne soit au courant. Manque de pot en plus pour eux, le natif de Nouna dont le père est très connu, a été reconnu par un des habitants du village. C’est ainsi que le conseiller a fait appel à la gendarmerie de Nouna qui est venue les chercher. Invités par le président Kohio à décliner leurs versions des faits, les deux prévenus ont passé tout leur temps à se renvoyer la responsabilité de l’acte. C’est très affligé que Mamadou Simboro, le secrétaire général du Congrès pour la Démocratie et le Progrès, section provinciale de la Kossi a comparu pour donner sa version des faits. «Vous avez été cité à comparaître non pas pour remettre en cause votre responsabilité ou dire que vous êtes mêlé à cette affaire. Mais nous avons souhaité vous entendre parce que tout simplement c’est votre moto qui a été utilisée pour commettre ce forfait» lui a dit le Procureur Compaoré. Dans son témoignage, Mamadou Simboro, conseiller municipal du Congrès pour la Démocratie et le Progrès au secteur N01 de Nouna fera savoir à la cour que la moto appartient à son parti politique, le CDP. «Il m’a sollicité la moto pour faire ses courses mais je ne savais pas que c’est pour aller commettre des choses pareilles. Mais un homme, une fois que tu as des enfants, il faut être prêt à assumer beaucoup de choses, même celles au courant desquelles tu n’étais pas» a-t-il dit devant la barre, en parlant de son fils, Siaka Simboro. Ironisant, le Président Kohio a demandé aux deux prévenus s’ils considéraient le village de Sokoro comme leur deuxième banque pour y avoir opéré à trois reprises. Pas de réponses des prévenus qui, visiblement regrettaient très amèrement leurs actes car ils retenaient avec peine leurs larmes. Après avoir écouté les victimes, le Procureur Compaoré a fait un long et poignant réquisitoire contre cet acte, mais surtout à l’endroit de son subordonné, l’agent de GSP Millogo. «C’est comme si on avait poignardé le parquet aujourd’hui» s’est désolé le Procureur Compaoré. Et le Président Kohio de renchérir: «En toute sincérité je n’arrive pas à vous comprendre. Aviez-vous bu ce jour-là ou quoi ?». Silence radio des prévenus. Le Procureur a mis à profit cette situation pour féliciter le conseiller du village de Sokoro qui a pleinement jouer son rôle en «refusant que des délinquants viennent jouer dans son village, le rôle des forces légales alors qu’ils n’en avaient pas la compétence». S’adressant aux deux prévenus, il leur dira que «l’époque de 1960 où on intimidait les gens dans les villages pour avoir ce qu’on veut de façon illégale, cette époque-là est révolue». Après 01h41 minutes de débats, le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Nouna, Barnabé Compaoré a requis 3 mois fermes de prison et 75.000 FCFA d’amende, et ce, de façon individuelle, contre Siaka Simboro et Ignace Fatogoma Millogo. «Vous ne reconnaissez pas les faits mais les faits vous reconnaissent» leur a-t-il lancé. «Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense?». Cette question, le Président Kohio la posera successivement à Siaka Simboro et à Ignace Fatogoma Millogo. Tour à tour ils ont tous demandé la clémence du tribunal. Seront-ils entendus? Rendez-vous le 16 juillet 2013. En effet, avant de lever la séance à 12h25 minutes, le Président Aristide Kohio a renvoyé le délibéré de cette affaire à cette date. En attendant, les supputations vont bon train. En tout cas, malgré la pluie qui est venue accentuer le problème d’audition dans la salle, ils étaient très nombreux ces Nounaises et ces Nounais qui sont restés suivre les débats jusqu’au bout. Une fois de plus, à quand un bon système de sonorisation pour le Tribunal de Grande Instance de Nouna?
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